Le lit de la ravine est en effet colmaté de bouts de bétons sur 300 mètres. Il n’en faut pas plus aux agents de contrôles pour deviner que la société Eurobéton, basée un peu plus haut en amont est probablement à l’origine de ce phénomène.
Les agents se postent donc devant les locaux de la société, et en 45 minutes, ils voient passer plus d’une dizaine de camions, se positionnant sur la grille d’évacuation des eaux pluviales pour laver les toupies de leurs véhicules à grandes eaux.
Sur place, ils interrogent le gérant, qui reconnaît les faits et qui précise même que cette situation perdure depuis un an, à cause d’un bassin de décantation défectueux.
À raison de 10m3 d’écoulements pollués par jour, pas étonnant que la ravine en contrebas soit pour ainsi dire lissée par le béton.
Le lendemain, les agents reviennent et les écoulements ont cessé. Le bassin est rafistolé, mais toujours inutilisable, puisque les eaux usées sont jetées directement dans la ravine, 30 mètres devant.
Mortalité de poissons à la hausse, une turbidité de l’eau et un dépôt de particules
Sauf que le bétonnage de la ravine n’est pas anodin. Le lissage des berges entraîne une vitesse d’écoulement des eaux plus élevées lors des périodes de pluies, menaçant directement les berges alentour et les habitations.
La pollution marine est quant à elle « sans commune mesure avec les valeurs habituelles relevées », avec des particules atteignant une concentration de 130mg par litre. C’est donc l’écosystème qui est aussi touché, avec une mortalité de poissons à la hausse, une turbidité de l’eau et un dépôt de particules sur les fonds marins.
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenus. La société Eurobéton a en effet déjà été condamnée en 2012 par la cour d’appel pour abandon de déchets industriels, défaut de permis de construire et gestion irrégulière. Elle avait également été condamnée à payer une amende de 75.000 euros et reçu obligation de procéder à la mise en conformité des lieux.
Un montant d’amende que la Procureure a demandé de réciter lors de ses réquisitions. « Cette société a déjà été condamnée, on peut donc s’inquiéter de cette négligence très sévère. L’amende n’a, il faut le croire, pas été dissuasive la première fois, à croire que cela leur coute moins cher de continuer à polluer. c’est d’autant plus inquiétant qu’ils ont une responsabilité en matière environnementale » ajoute la Procureure.
Au final, et en l’absence de son gérant au tribunal, la société Eurobéton a été jugée coupable et condamnée à payer 75.000 euros d’amende, assortie d’une obligation de publication de la condamnation dans la presse locale.