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La science du gardien de but, ça s’apprend

Formateur à l’INSEP, plus précisément au Pôle France féminin, Christian Puxel forme les gardiennes. En collaboration avec la Fédération, il fait également passer le plus haut diplôme en la matière, le Certificat entraîneur de gardien de but. Lorsque les vacances scolaires sont là, il répond également présent aux stages gardiens/gardiennes sur tout le territoire hexagonal. Cette fois, à l'invitation de l'association Foot Jeunesse de Jean-Philippe Payet, c'est à La Réunion qu'il est venu délivrer des séances de perfectionnement. Professeur d’EPS, c’est tout naturellement qu’il accompagne son travail de terrain par une pédagogie poussée à son maximum, avec publication d'ouvrages et de DVD sur cette science du placement dans les cages. "J’ai l’envie de cette transmission", affirme-t-il. une envie qu’il a partagée toute cette semaine avec des jeunes venus participer à un stage qui leur était dédié au stade du centenaire de l’Etang-Salé. Une expérience de globe-trotter qu'il fait profiter aux footballeurs réunionnais et aux éducateurs de clubs.

Ecrit par zinfos974 – le samedi 12 mai 2018 à 00H57

Quel est votre parcours ?
J’ai une forte expérience en tant qu’éducateur de gardien, avec la Ligue de Paris, mais aussi des clubs et équipes nationales. J’ai participé à une Coupe du Monde, avec l’Afrique du Sud en 1998, une Coupe d’Afrique avec le Burkina Faso, j’ai aussi travaillé au Sénégal, en Côte d’ivoire, à Maurice, en Algérie, au Maroc, au Japon ou encore aux Emirats Arabes Unis.

Est-ce qu’il faut parfois l’initiative d’un privé, en l’occurence monsieur Payet, pour faire venir des formateurs internationaux comme vous à La Réunion ?
Je pense qu’il faut toujours l’association d’hommes de conviction comme Jean-Philippe Payet mais aussi les organes de la Ligue. Je dois aussi rencontrer Jean-Marc Nobilo, que je connais un peu, le nouveau DTR, et je sais qu’il a une énergie qui va lui permettre d’insuffler des actions sur l’île, et notamment en direction des gardiens de but. Les deux, associés, ça serait idéal, mais je pense qu’au départ, c’est le côté privé, même si Jean-Philippe doit bagarrer fort, qui peut déclencher les choses. Mais l’objectif c’est que tout le monde s’y retrouve, et que ça bénéficie aux jeunes, pour que leur niveau progresse et que les meilleurs aillent en métropole et puissent intégrer des structures professionnelles.

Quelle est la tranche d’âge avec laquelle vous travaillez ces jours-ci ?
Ça va de 9 ans à 21 ans, donc on a un panel très large. Les niveaux sont complètement différents. Et ce stage bénéficie aussi aux éducateurs présents. Je travaille avec eux le côté théorique. Ils vont peut être pouvoir assimiler l’une de mes méthodes. Etant aussi dans la cellule restreinte de la Fédération pour la mise en place des modules, il va donc y avoir une correspondance pour leur permettre d’être le plus efficace possible.

Il faut signaler que ces enfants se sont inscrits à ce stage payant en dehors de leur club de foot
C’est ce qui prouve qu’il y a une demande. Ils sont une cinquantaine durant ce stage. Cette formation sur 5 jours étant, je l’espère, une base de départ pour arriver à ce qu’il y ait une pérennité d’actions de ce type. Toute action entraîne vraiment un enthousiasme mais si elle n’est pas suivie d’autres actions,… Je considère ce premier stage comme le début de quelque chose de pérenne. Il s’agit de faire en sorte que ce travail paye et que l’on puisse avoir des gardiens du plus haut niveau possible.

 

Ça peut surprendre mais vous délivrez aussi une partie théorique ?
Le gardien n’était pas considéré auparavant comme le premier homme. C’était presque un homme d’appoint. Qui est-ce qu’on mettait dans les buts ? C’était celui qui était un petit peu enrobé, qui courrait pas trop et qui occupait la place dans le but. Et au fil de l’importance de l’enjeu, on s’est aperçu que le gardien c’était quand même presque l’élément numéro 1. Finalement, le buteur et le gardien sont les deux personnes qui feront évoluer le tableau d’affichage. Les clubs, progressivement, se sont aperçus qu’avoir un bon gardien, c’était l’assurance d’avoir une bonne défense, de pouvoir conserver un résultat pour pouvoir ensuite l’améliorer en marquant des buts. Et c’est à partir de cette prise de conscience qu’on en est venu à des notions plus scientifiques et pédagogiques : pour le faire progresser doit-on uniquement regarder ce que faisaient les anciens ou doit-on aborder une phase d’apprentissage réel pour se dire : un gamin de 9 ans ne va pas travailler comme un gamin de 12 ou 20 ans. Donc on va établir une méthode de travail pour les amener au plus niveau, mais uniquement à leur majorité. Car l’objectif ce n’est pas la compétition chez les jeunes, l’objectif c’est qu’ils soient performants en U18,  U20. 

Pourtant, chaque club, et notamment les plus petits, ne dispose pas d’un entraîneur gardien…
Il y a plusieurs approches à étudier. C’est vrai qu’un entraineur gardien par club ça serait l’idéal mais rassurez-vous, même en métropole ce n’est pas le cas. Donc il peut y avoir des regroupements d’éducateurs formés qui interviennent dans plusieurs clubs. C’est intéressant car l’entraineur est formé et il apportera la bonne parole et ça réduira les coûts pour les petits clubs, donc tout le monde peut s’y retrouver, en attendant que la masse d’éducateurs soit formée. Là par exemple, dans ce stage à La Réunion, on voit beaucoup d’éducateurs qui ne sont pas, à l’origine, des gardiens de but. Mais ils sont curieux car ils se posent la question : comment je vais aborder l’approche psychologique avec mon joueur. Si on veut que le gardien ait confiance et soit au maximum, il faut qu’il y ait un discours particulier, qu’il y ait une prise en compte particulière du poste de la part de l’équipe. Le gardien n’est pas un joueur comme un autre. Il a besoin d’un face à face, d’un échange. 

 

La science du gardien de but, ça s'apprendLa science du gardien de but, ça s'apprendLa science du gardien de but, ça s'apprendVous font-ils part de leurs attentes ou restent-ils réservés en attendent votre bonne parole ?
On a un panel très large de mentalités. On dit que le gardien doit être extraverti au départ, ça doit être un leader, il doit avoir de la personnalité. On a un petit peu de tout. Ils ont découvert la formation. L’important c’est qu’il y ait ce type d’action dans le temps. Nous avons par exemple des séances de six groupes de travail avec deux éducateurs par groupe. Par petite touche, on va pouvoir les amener, déjà, à s’interroger eux-mêmes. Je dit souvent aux enfants et adolescents : à partir du moment où ils ont conscience qu’ils ont bien fait ou mal fait quelque chose, on aura fait un grand pas. Après ce stage, ils ne seront plus comme avant. 

Et pourquoi pas déceler un futur Zacharie Boucher par exemple ?
L’objectif de ce stage c’est de franchir une étape. En plus ça me permet de voir la qualité des gardiens. Il y a des points forts chez certains, il y en a qui ont de la détente, il y a une fille qui présente un profil intéressant. Mais j’accompagne aussi mes formations d’un discours de réalité : ils sont pour beaucoup dans leur rêve : sortir de l’île, aller en métropole. Je suis moi-même en contact avec les clubs pro mais je leur dis que de toute façon, sur votre poste de gardien où le niveau athlétique est prioritaire, faites-vous plaisir, essayez d’être au maximum de vos capacités, le reste ne vous inquiétez pas, ça viendra si ça doit venir. Mais surtout ne regrettez pas de ne pas avoir fait ce qu’il fallait. La suite ? Eh bien il y a suffisamment de représentants de clubs pro qui viennent à La Réunion, pour, déjà, faire des essais, et dans le meilleur des cas intégrer une structure.

Quel est le niveau par rapport à ce que vous voyez dans vos stages délivrés en métropole ? 
Je pense qu’il y a un peu plus de lacunes techniques. On sent que le travail est encore à la base. Et il y a ce socle de fondamentaux qui n’est pas acquis par pas mal d’entre eux. Il y a de la bonne volonté mais maintenant il faut leur donner les outils, leur apprendre les gestes qu’il faut faire. Après au niveau athlétique c’est quand même l’une des qualités premières des îles, Guadeloupe, Martinique, Réunion,.. les profils athlétiques sont déjà au-dessus de la norme par rapport à la métropole. Et en gardien de but c’est important. Maintenant, à nous de leur apporter un registre technique et mental pour faire en sorte d’atteindre un haut niveau.

 

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