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La réforme portuaire « piétine » à la Réunion

Les représentants de l'UMIR (Union maritime de la Réunion) se sont rassemblés ce matin à Saint-Denis pour évoquer la problématique du retard d'application de la réforme portuaire, la gestion du port passant de la CCIR à l’État dans les Dom et plus spécifiquement à la Réunion. Une réforme qui pourrait être repoussée à 2014, selon le président de l'UMIR, Michel Antonelli. Il pointe du doigt la CCIR qui freinerait le processus.

Ecrit par Julien Delarue – le jeudi 19 mai 2011 à 14H10


La réforme portuaire, déjà appliquée au plan national, se manifeste par la création de grands ports maritimes dirigés à 100% par l’État. Dans les Dom, la gouvernance des ports maritimes se fait pour le moment par le biais des CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie), une situation qui doit prendre fin au début de l’année 2012, mais qui coince encore à la Réunion. Le projet de réforme « ne pourrait être appliqué qu’en 2013 voire 2014« , selon le président de l’UMIR., Michel Antonelli.

La cause, selon l’Union maritime de la Réunion, une association regroupant 23 membres tous issus du milieu professionnel maritime et « un organe représentatif du milieu professionnel« , soulignent-ils, la demande de report de la réforme par les dirigeants de la CCIR (Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion), pour au minimum un an. Pourtant, la situation s’est débloquée dans les autres Dom, comme en Martinique où le contrat de concession se termine fin 2011. Au contraire, à la Réunion il se poursuit jusqu’en 2018 : « Ibrahim Patel (ndlr : président de la CCIR) expliquait qu’il attendait des recettes (ndlr : du port de la Réunion) jusqu’en 2018, ce qui représenterait environ 7,2 millions d’euros de manque à gagner pour la CCIR« , explique Jean de la Perrière, membre de l’UMIR, « une situation qui ne devrait pas bouger tant que la CCIR n’obtient pas l’assurance par l’État de récupérer cette manne financière« .

Concurrencer les ports de la zone océan indien

« Ce que nous souhaitons c’est pousser la CCIR à laisser la gérance du port et mettre en place la création de l’établissement public chargé de la nouvelle gouvernance« , explique Michel Antonelli. Cet établissement public sera composé d’un directoire, d’un Conseil d’administration (au sein duquel se trouve différentes autorités locales mais pas d’opérateurs privés) et d’un conseil de développement « qui réunira l’ensemble des opérateurs portuaires« , souligne Jean de la Perrière. « Un système plus efficace qu’aujourd’hui en terme de productivité pour le port, il y aura moins de lourdeur administrative notamment auprès de la CCIR, car le fonctionnement est compliqué et lent à faire évoluer« , souligne Michel Antonelli, pour qui cette réforme permettrait de concurrencer les ports de la zone océan Indien et devenir une plate forme portuaire reconnue.

Une cession de la gérance bloquée pour des motifs politiques ?

Car l’enjeu de cette réforme est bien là, celle de faire du port de la Réunion une zone d’échanges commerciaux et le faire passer au premier plan sur le bassin océan Indien. « Nous avons déjà deux ans de retard sur le schéma directeur (ndlr : projet d’évolution du port dans les prochaines années), le milieu maritime évolue très vite, il y a 15 ans on pouvait accueillir des porte-conteneurs de 1.500 containers, aujourd’hui nous pouvons accueillir entre 3.500 et 4.000 containers, explique Jean-Michel Audiger, secrétaire de l’UMIR. Mais désormais les bateaux sortant des chantiers navals emportent entre 14.000 et 18.000 containers, il faudra se donner les moyens de les accueillir dans les prochaines années, car vous croyez que les armateurs attendront devant le port pendant deux ou trois jours ? Non, ils partiront à Maurice et nous deviendrons alors un port secondaire« , souligne-t-il.

L’UMIR demande désormais à rencontrer les représentants de la CCIR et de la Préfecture pour faire avancer le dossier dans le « bon sens ». Et de rappeler également qu’il y a un impact social, la possibilité pour les dockers de partir deux ans avant l’âge légal de départ à la retraite « grâce à la mise en place d’une convention collective sur la pénibilité au travail« , souligne Michel Antonelli. Une réforme portuaire « acceptée » et « poussée » par le premier syndicat des dockers de la Réunion « la CGTR », souligne-t-il.

« Le port maritime sera à 100% dirigé par l’État, administrativement nous sommes prêts, mais politiquement ?« , s’interroge encore le président de l’UMIR.

 

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