Ayant suivi ce dossier depuis 2015 avec le concours de plusieurs associations dont Kartié Lib, je ne peux ne pas reconnaître que cette annonce faite par la ville de Saint-Denis labellisée d’art et d’histoire, au sujet de « la prison est sauvée » est une bonne nouvelle.
Je ne peux que constater que cette décision de ne plus construire de logements sociaux sur ce patrimoine, sur ce site archéologique témoin de la pratique de l’incarcération publique de la période des esclaves et des engagés va dans le sens du combat de Sudel Fuma.
« Aux assassins du patrimoine, je leur dit publiquement ma colère et celle des ancêtres… J’ai appris avec stupeur que les décisions d’attribution à la SHLMR du terrain de la prison Juliette Dodu qui sera détruit … Je les accuse de crime culturel… », Sudel Fuma.
Nous sommes en 2014. Cinq ans après, à la veille d’une élection importante, la prison Juliette Dodu fait parler d’elle. La parole des esclaves, des marrons, des engagés circule. C’est l’histoire qui parle et brise le silence en donnant la parole à ces murs, à cette population servile qui hier a été bâillonnée.
Je ne peux que constater à l’approche d’une élection importante cette démarche dionysienne qui aujourd’hui nous donne cette image qui se voudrait se positionner au sujet de ce patrimoine en péril au-delà des clivages. Dans la continuité du combat de tous ceux qui ont suivi l’appel de cet historien réunionnais, Sudel Fuma, je m’exprime librement. On est sur un sujet qui questionne la liberté et cette prison s’inscrit de surcroît dans cette histoire servile qui hier a empêché ceux qui ont voulu vivre et laisser s’exprimer leur liberté.
En tant que citoyenne indépendante, actrice du monde associatif et élue au patrimoine par le peuple, j’invite toute la classe politique réunionnaise à se réunir pour placer notre patrimoine dans une gouvernance collective pour que cette prison Juliette Dodu devienne ce lieu de mémoire, ce mémorial du Peuple Réunionnais.
Il s’agit d’un pan de notre histoire qu’on ne peut ignorer !