Alors que l’Île Maurice et le Japon sont en pleine négociation concernant un projet d’accord de pêche dans les eaux mauriciennes, La Réunion ne peut que se sentir concernée. L’île sœur compterait inviter les Japonais chez elle pour une pêche que l’on devine d’ampleur ; un port dédié à cette activité devant être construit sur le territoire mauricien. Si une pêche plus intensive dans l’océan Indien inquiète évidemment les militants écologistes, la crainte instinctive lorsque l’on évoque le Japon, reste le sort des baleines.
Maurice ouvrirait donc sa zone économique exclusive (ZEE) aux bateaux japonais ; une zone contigüe à celle de La Réunion, les deux pays étant proches. Question principale : le Japon a-t-il le droit d’y pêcher des baleines et compte-t-il le faire.
« La chasse aux baleines est juridiquement possible »
Stéphanie Sorby, doctorante en droit international de l’environnement, soutenue par l’IRD (l’Institut de Recherche pour le Développement) explique : « Un moratoire de la Commission baleinière internationale datant de 1986 interdisant la chasse à la baleine a été signé par le Japon. Et il existe deux sanctuaires dans lesquels la pêche commerciale des baleines est interdite : l’Antarctique et l’océan Indien ». Mais il est connu que les bateaux de pêche en Antarctique ne se retiennent pas d’y tuer des centaines de baleines chaque année. Déjà 330 cette année. « Ils avancent l’argument de la pêche scientifique autorisée dans les sanctuaires. La chasse aux baleines est donc juridiquement possible », avoue-t-elle.
Mais Stéphanie Sorby rassure tout de même. Selon elle, les baleines à bosse (l’espèce que l’on trouve dans l’océan Indien) ne sont plus ciblées par le Japon qui s’intéresse plutôt aux Minke ou autres rorquals.
« Tant que nous ne connaissons pas le contenu de l’accord, il est trop tôt pour s’alarmer », conclut-elle. Et elle le rappelle: libre également aux Mauriciens de décider des autorisations sur son territoire et d’interdire, s’ils le souhaitent, la chasse à la baleine.