Ce dossier arrive comme par hasard au moment où une véritable guerre de tranchées agite les couloirs des différents hôpitaux de l’île pour la nomination du nouveau directeur du CHU de la Réunion. Au point que des mauvaises langues se demandent si certains n’ont pas habilement fait fuiter ces infos précisément en ce moment, histoire de peser sur le cours des choses.
David Gruson, l’ancien directeur, ayant été nommé à la direction de la puissante fédération des hôpitaux de France la FHF, la question de son remplacement est une question de jours. Voire d’heures.
Les soutiens locaux n’ont pas manqué en faveur de son adjoint réunionnais, Lionel Calenge avec qui il formait un véritable binôme de direction. Lionel Calenge avait participé à ses côtés, en tant qu’adjoint, au difficile redressement du CHU et les avis sont unanimes pour vanter ses qualités.
Certains ne voient pas d’un très bon oeil la nomination d’un Réunionnais à la tête du CHU et les coups bas n’ont pas manqué. Les réseaux ont fonctionné et tout a été fait pour recruter un directeur en métropole.
Une nouvelle illustration du combat en faveur de la préférence régionale avec l’application du principe selon lequel, à compétences égales, mieux vaut choisir un Réunionnais.
Pour une fois d’accord, l’ensemble des élus locaux, de tous bords politiques, avait apporté son soutien à la candidature de Lionel Calenge. Depuis la députée devenue ministre Erika Bareigts, jusqu’au président de Région Didier Robert, en passant par la présidente du Département Nassimah Dindar et le sénateur maire Michel Fontaine (rappelons que la présidence du Conseil de Surveillance du CHU, depuis le rapprochement entre le nord et le sud, est partagée entre Nassimah Dindar qui siège en personne et Michel Fontaine qui a de son côté préféré nommer un de ses conseillers municipaux), mais aussi par le président du groupement hospitalier de l’Est, Jean-Claude Fruteau. Tous avaient apporté leur soutien à Lionel Calenge et les choses semblaient bien se présenter… jusqu’à l’apparition d’un nouveau candidat à travers la personne de Christian Dijoux, actuellement en intérim au sein du cabinet de Nassimah Dindar, après avoir occupé les fonctions de DGS du Département il y a quelques années.
Plus question là de combat pour la préférence régionale, les deux hommes étant réunionnais. Le problème est ailleurs. Il faut en effet savoir que Christian Dijoux a conservé des fonctions au sein du puissant groupe de santé de Michel Deleflie, Clinifutur, propriétaire de la totalité des cliniques de l’île. En cas de nomination, le risque de conflit d’intérêt est évident, tout comme celui de concentration des deux plus gros opérateurs de santé de la Réunion entre les mains d’une seule et unique personne.
D’après des sources proches du dossier à Paris, c’est un influent homme de loi du sud qui pousserait cette candidature de dernière minute. En conflit ouvert avec le Docteur Khelif, le praticien mis en cause dans le rapport du tribunal administratif de Saint Denis dans l’affaire de sur-irradiation dont le JIR s’est fait l’écho hier, il aurait affirmé que « toutes les candidatures seraient bonnes, toutes sauf celle de Lionel Calenge ».
Pour quelles raisons ? Difficile à dire.
Certains parlent d’ambitions personnelles, et notamment de la volonté de cet homme de devenir le prochain député du sud. Frustré de ne pas avoir été « sélectionné » aux dernières législatives, il voudrait « prendre une assurance » pour les prochaines, en 2017, en plaçant un homme à lui à la direction du CHU. Qui est, rappelons-le, le plus gros employeur de l’ile avec plus de 8 000 salariés. Quitte à se fâcher avec son sénateur-maire qui a pourtant donné un avis très favorable à la candidature de Lionel Calenge…
Mais ce n’est pas tout…
Nous avons en effet découvert avec étonnement que l’homme de loi en question s’était opposé à la fermeture, sur ordre de l’ARS, du service de radiothérapie de l’hôpital de Saint Pierre -dont il est question dans l’article du JIR- qui avait pour but but d’éviter d’autres sur-irradiations, le temps qu’on découvre les causes des incidents…
Zinfos a pu se procurer le procès-verbal du conseil de surveillance du CHU de la Réunion du 23 octobre 2013 dans lequel cet homme de loi affirmait regretter la décision de l’ARS de fermer le service de radiothérapie. Je cite le PV qui reprend lui même ses propos : « La fermeture de la radiologie a meurtri la communauté du CHU car cela a véhiculé une mauvaise image de l’établissement (les enquêteurs du TA qui ont rendu leur rapport apprécieront) (…) Aujourd’hui il est satisfait de cette reprise d’activité, malgré son incompréhension face à la décision de suspension prise par l’ARS »
D’après nos informations, les conseillers politiques de la Ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine qui étudient actuellement les candidatures ne seraient pas tombés dans le panneau. L’avis unanime des présidents des conseil de surveillance des établissements de l’Est Jean Claude Fruteau et du Nord/Sud Nassimah Dindar et Michel Fontaine les aurait convaincus et les tentatives de déstabilisation et de lobbying de l’homme de loi seraient restées vaines.
D’autant que les membres du CREFOM suivent cette nomination comme le lait sur le feu et ne laisseraient probablement pas passer une nouvelle nomination venant de métropole alors que nous disposons d’un homme compétent localement…
A suivre dans le prochains jours.