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La justice restaurative, un dispositif encore méconnu

Depuis septembre 2019, la justice restaurative s’est implantée à La Réunion. En parallèle à la procédure judiciaire, auteurs et victimes d’infraction pénale peuvent échanger, dans le cadre d’un dialogue sécurisé en amont par des professionnels.

Ecrit par zinfos974 – le lundi 29 novembre 2021 à 06H29

La réponse apportée par la justice, à l’issue d’un procès, peut être insuffisante. Les sentiments peuvent rester enfouis, comme la parole qui ne se libère pas. La victime doit se contenter de son statut. Et l’auteur de l’infraction pénale doit purger la peine. On s’arrête là, sans aller plus loin.

La justice restaurative propose de franchir une étape supplémentaire. De la médiation restaurative entre une victime et l’auteur d’une infraction pénale ou des rencontres détenus/victimes ou condamnés/victimes sont proposées par l’antenne réunionnaise de coordination de la justice restaurative (ARCJR) et l’Institut français pour la justice restaurative (IFJR). « Lors de ces rencontres, les émotions ont toute leur place. Elles viennent se manifester. On a de la colère, mais de la peur aussi. Détrompez-vous, la peur ne vient pas toujours des victimes mais aussi des auteurs« , précise Océane Laburre, coordinatrice de l’Antenne Réunion.

Un stand dans le tribunal judiciaire

La semaine européenne de la justice restaurative a eu lieu du 22 au 26 novembre. Le dispositif encore méconnu du grand public va à la rencontre des justiciables et des professionnels du droit. Lieu de passage obligé, la salle des pas-perdus du tribunal judiciaire accueille depuis lundi un stand devant la grande salle d’audience. « Beaucoup de professionnels du droit peuvent bénéficier d’une mise à jour. Quant aux justiciables, ils regardent mais sont au tribunal pour une autre raison. Nous proposons un processus parallèle à la procédure judiciaire et un espace de dialogue entre auteur et victime », précise Océane Laburre, qui exerce depuis septembre 2019.

Depuis septembre 2021, une antenne pour les mineurs existe aussi sur l’île. La médiation ou les rencontres ne cherchent pas à se multiplier. « Nous sommes dans une démarche qualitative et nous nous adaptons au cas par cas et à la temporalité de la personne. Il n’y a pas de moule prédéfini ».
 
Sur base du bénévolat, les victimes ou auteurs de délits graves et crimes (violences conjugales, intrafamiliales, accidents sur la voie publique, violences sexuelles …) peuvent adhérer à la justice restaurative. Un moment d’échange proposé avant, pendant ou après le procès pénal. En janvier 2022, quatre auteurs de violences conjugales et quatre victimes ne se connaissant pas pourront échanger dans un groupe. « Nous sommes là pour faciliter le dialogue qui peut être compliqué mais qui doit se tenir […] Ce moment de partage, de dialogue, permet de sortir des préjugés auteur/victime et de réaliser qu’on est tous des êtres humains avec des émotions« , résume la coordinatrice de l’IFJR à La Réunion.

Sécuriser le dialogue au maximum
 
Rien n’est laissé au hasard pour ces rencontres. Un long travail en amont est effectué, parfois d’une durée de six mois. Le dialogue doit être sécurisé au maximum. Pour les rencontres collectives, deux membres de la communauté (une personne de confiance, un membre de la famille, un psychologue) et deux animateurs de l’IFJR participent. « Il faut s’entretenir avec l’individu, explorer son histoire, son vécu, ses attentes par rapport au dispositif. Pour éviter que la victime ne se retrouve dans un nouveau processus de victimisation, il faut anticiper pour qu’elle ne se retrouve dans une situation dans laquelle, elle ne sait pas réagir. Il faut construire sur ses certitudes, sur son passé, pour qu’elle puisse puiser dans ce qu’on apprend pour avoir la réaction qui convient« , précise Oceane Laburre.

Une psychologue, Kim Schaffauser, participe en toute discrétion aux rencontres. Elle regarde, à l’affût d’une réaction, d’un regard laissant présager un mal-être. « Il faut être présent pour les personnes, à l’écoute de ce qu’elles ressentent et surtout être vigilant à ce qui se passe pour, après, pouvoir discuter. Tout le monde doit se sentir bien dans la mesure« , souligne-t-elle.

Dans une brochure déposée sur la table des bénévoles de l’IJFR, présents dans le tribunal judiciaire, la lecture d’un témoignage insiste sur la nécessité de mettre des mots sur les émotions. « Je n’imaginais pas ce qu’elle ressentait. J’ai pris conscience de ce que j’ai fait. J’ai pu dire ce que j’avais sur le cœur depuis si longtemps. Ça m’a libéré. Maintenant, j’ai envie de réparer mes erreurs et je sais que c’est possible« , confie une personne condamnée.

 

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