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La guerre pour la présidence du Département est ouverte à Droite

La plateforme, qui avait permis à la Droite et au Centre de gagner toutes les dernières élections, a-t-elle explosé suite aux dernières sénatoriales? Le communiqué publié depuis Paris par la nouvelle sénatrice Nassimah Dindar, accusant ouvertement Didier Robert d'être derrière les récentes attaques du JIR contre la maison de "Mamie Nassimah", pourrait le laisserait penser.

Ecrit par zinfos974 – le lundi 09 octobre 2017 à 17H49

La Droite a de tout temps été tiraillée entre plusieurs courants. Déjà dans les années 60/70, il y avait la querelle entre les élus proches de Michel Debré, qui représentait la Droite pure et dure, et ceux de Pierre Lagourgue, symbole du Centre et donc d’une certaine « mouvance » dans les alliances.

Plus tard, cette cassure a encore été très visible en 2008 à l’occasion de l’élection à la présidence du conseil général où la Droite pensait pouvoir se débarrasser de l’embarrassante Nassimah Dindar en présentant face à elle un Jean-Louis Lagourgue sûr de disposer d’une majorité au sein de la Droite. C’était compter sans la roublardise de la présidente sortante qui n’avait pas hésité à s’allier avec le PS et le PCR pour conserver son poste…

Cette « trahison » a laissé des traces indélébiles jusqu’à aujourd’hui. Toute une partie de la Droite ne lui a toujours pas pardonné cette alliance contre-nature et la présidente du conseil départemental ne doit qu’à son habileté et à son art consommé du contre-pied d’être encore vivante, politiquement parlant.

Elle a su fédérer autour d’elle, grâce entre autres aux subventions conséquentes du Département, un aréopage d’élus instables politiquement, allant de Thierry Robert à André Thien-Ah-Koon.

Point commun de ces deux derniers : leur haine farouche à l’encontre de Didier Robert, le président de Région…

« On ne met pas impunément deux coqs dans une même basse-cour »

Dans le même temps, le bloc de la Droite traditionnelle s’est lui aussi fracturé.

Michel Fontaine n’a pas vu d’un bon oeil l’arrivée du jeune et sémillant Didier Robert dans le Landernau politique. Le maire de Saint-Pierre, fort de son bastion sudiste, régnait en maître sur la Droite locale et, c’est connu, deux coqs ont du mal à vivre dans la même basse-cour.

D’autant que le jeune arrivant, fort du pouvoir que lui conférait l’énorme budget de la Région, a rapidement su fédérer autour de lui un nombre important d’élus.

L’affrontement aurait pu dégénérer en rixe mortelle pour la Droite. Lors des élections régionales de 2015, Michel Fontaine trainait ostensiblement des pieds pour faire campagne pour la liste menée par Didier Robert et ce n’est que dans la dernière ligne droite, suite à l’intervention d’amis communs, que le maire sudiste a accepté de s’impliquer complètement dans la campagne.

Avec le succès que l’on sait car s’il est une qualité qu’il faut reconnaitre au maire de Saint-Pierre, c’est de savoir faire campagne. C’est une vraie bête politique. Le gros nounours se transforme alors en véritable lion. A croire que l’odeur de la campagne électorale le métamorphose. Michel Fontaine aime faire campagne et surtout, il a le savoir-faire. On l’a encore constaté lors des dernières sénatoriales…

On aurait pu penser que cette victoire aux Régionales de 2015 allait calmer le jeu entre les deux hommes. Il n’en a rien été.

A chaque élection son lot supplémentaire de motifs de discorde

Difficile de savoir ce qui est à l’origine de ce qui était au départ une simple inimitié et que certains n’hésitent pas aujourd’hui à qualifier de haine. Même si le mot est un peu fort, force est de reconnaitre qu’on n’en est pas très loin.

Apparemment, Michel Fontaine reprocherait essentiellement à son rival nordiste d’avoir réussi sans avoir eu besoin de travailler réellement, grâce au « cadeau » que lui avait fait TAK au Tampon, contrairement à lui qui avait dû batailler férocement contre le PCR pour devenir ce qu’il est aujourd’hui…

La rancoeur est ancienne mais chaque élection vient rajouter son lot de sujets de discorde. Par exemple, concernant les sénatoriales, Michel Fontaine reprocherait à Didier Robert d’avoir fait glisser une centaine de voix en direction de Brigitte Hoarau, la candidate En Marche, ce qui aurait pu priver Liliane Malet, en 3ème position sur la liste et proche de Michel Fontaine, de son siège. Le maire de Saint-Pierre ne cache pas qu’il a dû batailler ferme, et aller convaincre jusqu’à tard le soir quelques grands électeurs de Gauche pour garantir son poste de sénatrice à son adjointe à la mairie de Saint-Pierre.

« Les ennemis de mes ennemis sont mes amis »

Il est un adage qui connait un succès certain en politique : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis« .

Partant de là, on assiste actuellement à un rapprochement étonnant entre Michel Fontaine, président des Républicains à la Réunion faut-il le rappeler, et le bloc constitué par Nassimah Dindar, Thierry Robert, Michel Dennemont et André Thien-Ah-Koon dont plusieurs ont été ses opposants dans diverses élections.

C’est cet attelage qui a failli constituer une liste aux sénatoriales, avec le soutien un temps de Joseph Sinimalé, en réaction au fait que Didier Robert ne souhaitait pas de Nassimah Dindar comme tête de liste.

Et c’est Jean-Paul Virapoullé en vieux sage de la politique qui, à quelques jours de la date de clôture du dépôt des listes, a su taper du poing sur la table et ramener un peu de bon sens dans ce qui allait tourner à la foire d’empoigne à Droite.

Il a trouvé les mots justes et rappelé à chacun que c’était l’union de la Droite et le Centre qui leur avait permis de se faire élire et donc de pouvoir prétendre aux postes auxquels ils aspirent aujourd’hui. Que l’union est gage de victoire et la désunion de défaite.

L’image de façade a ainsi pu être sauvée et la liste d’union sauvegardée, avec le succès que l’on connait : trois sénateurs élus sur quatre. Et encore, on a frôlé le grand chelem à quelques voix près…

Le JIR met le feu aux poudres

Mais à peine nos nouveaux sénateurs élus, voilà que la guerre à Droite est relancée. Et le coup viendra de là où personne ne l’attend…

C’est une succession d’articles du JIR qui va mettre le feu aux poudres. Il y en a d’abord eu plusieurs sur la mauvaise gestion du SDIS et l’accusation portée à mots couverts par le journal de l’embauche par les pompiers d’une femme de ménage qui en fait travaillait au domicile de la présidente.

Puis, depuis le 28 septembre, se succèdent une série d’articles sur une maison que « Tatie Nassimah » a achetée à un prix défiant toute concurrence en 2010 à la SPAG, un promoteur qui avait acquis à la même époque au prix des Domaines plusieurs terrains auprès du conseil général présidé par la même Nassimah Dindar. Et qui depuis a fait d’autres révélations sur plusieurs malversations autour de cet achat et de cette construction.

Pas contente du tout, Nassimah Dindar s’est fendue d’un communiqué depuis Paris. Non pas pour apporter les preuves que ce que révélait le JIR était faux, mais pour accuser le patron du journal Abdul Cadjee et son directeur Jacques Tillier d’avoir sorti cette affaire sur ordre… de Didier Robert. Rien moins…

Ce qui, au passage, est particulièrement révélateur des rancoeurs qui existent entre Nassimah Dindar et le président de la Région.
 

 

Jean-Claude Lacouture contre Cyrille Melchior

Résultat des courses : on assiste à nouveau à une opposition entre deux clans pour la présidence du Département, une fois que Nassimah Dindar aura démissionné, ce qui devrait survenir vers le mois de décembre.

D’un côté, Didier Robert soutient la candidature de Jean-Claude Lacouture, tandis que Cyrille Melchior est soutenu par Michel Fontaine, Nassimah Dindar, Thierry Robert, TAK et Joseph Sinimalé.

Sur le papier, le combat semble déséquilibré mais, dans la pratique, les deux candidats seraient très proches l’un de l’autre. Et ce pourrait être la Gauche qui pourrait faire la différence en faisant pencher la balance dans un sens ou dans l’autre.

A moins que d’ici là, Jean-Paul Virapoullé n’ait réussi un nouveau miracle en mettant tout le monde d’accord sur le nom d’un candidat unique de la Droite et du Centre, comme au bon vieux temps.

Mais attention. Le propre des miracles est d’être rares et de ne pas se répéter à chaque fois…

 

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