La fin de la politique : désormais interdit de mentir !
Certains se souviennent en 1958 du « je vous ai compris » et de « vive l’Algérie Française » de De Gaulle ! Et puis il y eut en 2003 la fiole remplie d’anthrax brandie par Colin Powel devant le Conseil de sécurité des Nations Unies pour justifier l’entrée en guerre des alliés en Irak […]
Ecrit par Pierre BALCON – le mardi 16 janvier 2018 à 11H34
Certains se souviennent en 1958 du « je vous ai compris » et de « vive l’Algérie Française » de De Gaulle !
Et puis il y eut en 2003 la fiole remplie d’anthrax brandie par Colin Powel devant le Conseil de sécurité des Nations Unies pour justifier l’entrée en guerre des alliés en Irak .
Et puis on se laissa prendre aussi à de plus petits mensonges comme la promesse de l’inversion de la courbe du chômage et celles, plus récentes, de la suppression du RSI ou de la baisse des impôts et des charges .
C’est sûr que ça ne pouvait plus durer. La concurrence des réseaux sociaux devenait insupportable , surtout ceux alimentés par l’affreux Poutine qui déclencha la guerre en Irak , fit élire Trump contre son gré et Macron contre le nôtre .
C’est sûr qu’il fallait réagir pour sauver de la crise la machine à fabriquer le consentement du peuple à son propre asservissement .
Alors Macron, avec l’appui de ses sponsors attachés au monopole libre de l’information vraie et libre, a réagi !
Il a profité de la gueule de bois de ses sujets, le soir du réveillon, pour leur asséner une sacrée fake news .
Donc il a réagi en commençant par le plus urgent : le contrôle du vocabulaire. C’est toujours par là qu’il faut entrer dans le cerveau des gens.
Voyons voir !
Le fake news c’est quoi exactement ? C’est une fausse information, ou une information fausse, ou une information qui n’en est pas une, ou une information inventée de toutes pièces, ou un article bidonné, ou… Bref, c’est un mensonge. Et donc c’est pas bien en soi .
Mais quelle différence entre fake news et désinformation ?
Difficile de trancher ! On s’y perd .
Et c’est pour ça que pour désigner une pratique aussi vieille que le monde , il vaut mieux convoquer un terme nouveau , un anglicisme qui plus est . Ça fait chic et international.
Les emprunts linguistiques sont à peu près aussi anciens que les langues elles-mêmes , mais cette importation-là permet de laisser croire qu’on est en présence d’un phénomène nouveau planétaire, corrélé à la mondialisation du marché , et qui appellerait à ce titre « tout naturellement » une mesure nouvelle relevant de l’OMC ou même carrément de l’ONU , si la Chine ne met pas son véto…
Cerise sur le gâteau : le terme « news » se réfère aux « nouvelles » du jour qui rendent caduques celles d’hier et niais tous ceux qui n’ont pas ouverts le journal ce matin . Accolé à l’horrible « fakes » et ne distinguant pas vraiment le singulier du pluriel , il fait un paquet de tous les damnés de la terre , et appelle à l’avènement du rédempteur Macron qui , comme dans l’évangile, va racheter « tous les péchés du monde » .
Avant que le Vatican ne se saisisse de la question , prolongeant l’initiative profane du « decodex » , considérons tout simplement qu’au fond le terme fake news ne désigne rien de nouveau, tout en prétendant le contraire.
Il s’ensuit que son emploi constitue en lui-même un… fake news. Le premier des fake news, en quelque sorte. Les peintres diraient que nous assistons à une « mise en abîme » de la figure du mensonge .
S’en rend-il compte au moins, ou est-il juste aussi cynique qu’il en a l’air ?