La Société aquacole des Mascareignes (SAM) a été placée hier en sauvegarde par le tribunal de commerce de Saint-Denis, pour une durée de six mois, renouvelable une fois. Une nouvelle bien accueillie par les salariés de l’entreprise, qui travaillent à un projet de reprise. Et même par son président, Patrick Hoareau, qui avait pourtant annoncé il y a trois semaines la fermeture définitive de la société en invoquant un « contexte économique difficile ».
Joint par téléphone, il explique que cette mesure de sauvegarde s’inscrit dans la « logique de continuer l’activité de la ferme. Il y a trois semaines, on avait tiré la sonnette d’alarme. Si on avait voulu que l’entreprise se meurt, on aurait attendu qu’elle soit en redresssement judiciaire. On a choisi une voie intermédiaire« , souligne-t-il. Ce dernier se dit même prêt à soutenir le projet de reprise des salariés de la ferme. « Il se sont montrés volontaires depuis plus d’un an maintenant. Ils ont un projet de reprise. On va tout faire pour les accompagner pour que cette démarche aboutisse« , explique-t-il.
« Changer l’image de l’aquaculture à la Réunion »
Pour les salariés de la ferme, comme Pascal Parisse, cette décision du tribunal de commerce est « un petit soulagement« . « C’est un bol d’air qui nous laisse plus de temps pour préparer notre projet« , poursuit-il. Il a cependant bien conscience que la situation de la société est « critique ». « La ferme n’est pas encore en cessation de paiement mais risque de l’être dans deux mois« , soutient-il. Le stock s’amenuise de jour en jour et ne compte plus aujourd’hui que 3 tonnes de poissons. Or les actionnaires en place n’auraient pas l’intention de rempiler.
Ce projet de reprise de la ferme aquacole est porté par les trois techniciens plongeurs de la ferme, dont Pascal Parisse. Il souligne que des investisseurs accompagnent leur projet mais ne souhaite pas révéler pour le moment leur identité. Un administrateur judiciaire, nommé par le tribunal de commerce, va travailler avec les salariés sur le projet de reprise. « On a eu l’occasion de parler avec lui et il a bien conscience de l’urgence de la situation« , explique le salarié de la SAM, qui refuse de dévoiler le montant que les salariés et les investisseurs sont prêts à proposer. « Cela coûte beaucoup d’argent. La ferme est une structure installée il y a dix ans. Elle est vétuste et a besoin d’un sérieux coup de renouveau« , indique-t-il. Pascal Parisse souhaite, à travers cette reprise, essayer de « changer l’image de l’aquaculture à la Réunion », sérieusement écornée depuis plusieurs mois.
Le tribunal a fixé un nouveau rendez-vous pour le 21 novembre prochain afin de faire le point sur le dossier de la ferme aquacole, qui a donc pour le moment échappé à un redressement judiciaire. Une date qui laisse du temps aux salariés pour peaufiner leur projet de reprise.