L’Institut pour la justice, mouvement associatif de défense des victimes créé en 2007 et revendiquant 160.000 « sympathisants » vient de publier les résultats d’une enquête visant à chiffrer le coût de la délinquance : 115 milliard d’euros par an, soit 5,6 % du PIB. L’un des chevaux de bataille de l’association est la lutte contre les aménagements de peine des détenus.
L’auteur de l’étude est un certain Jacques Bichot, universitaire (professeur émérite à l’université de Lyon 3). Son étude statistique aurait pris en compte « la totalité des crimes et délits » commis sur le territoire national sur une période d’un an courant de juillet 2008 à juillet 2009, exception faite des infractions routières, et en incluant des coûts directs (préjudices subis par les victimes et leurs familles) et indirects (dépenses de sécurité publiques et privées)…
« Le crime et la délinquance nous coûtent aussi cher que l’Éducation nationale, aussi cher que la totalité du système hospitalier », souligne l’étude. Par secteur, Jacques Bichot chiffre notamment les violences (homicides, viols, blessures volontaires, séquestration, etc.) à environ 14 milliards, le crime organisé à 16 milliards, les vols à 10 milliards, la délinquance en col blanc à 20 milliards….
Pourquoi une telle étude ?
L’association justifie sa démarche par une nécessaire mise en parallèle du budget alloué à la lutte contre la délinquance avec son supposé coût réel. Le gouvernement n’en aurait pas demandé plus, diraient les mauvaises langues. Lesquelles pourraient, non sans malice, voir dans le résultat de cette étude statistique un appel subliminal aux pouvoirs publics pour plus de fermeté à l’égard des délinquants en col blanc , les fameux « patrons voyous » et autres politiciens en indélicatesse avec la loi et la morale publique (qui nous coûteraient la bagatelle de 20 milliard d’euros) ?
Enfin, comme le souligne l’auteur d’un article du Point, si l’on peut concevoir le chiffrage d’actes délictueux tels que vols et infractions financières par exemple, comment décemment chiffrer le coût d’un viol ?
Comme quoi, les profondeurs de la science statistique sont plutôt insondables.