
Le groupe SNI a racheté cette année à l'Etat 34% des parts de la SIDR, avec une option d'achat levable en 2022 qui devrait lui permettre de monter à cette date à 53% du capital.
Une belle opération puisqu'elle aura déboursé pour cela 43 millions d'euros, alors que le rapport établi par le cabinet spécialisé d'expertise comptable Syndex, à la demande des instances représentatives du personnel avait estimé la SIDR à 2 milliards d'euros...
Maintenant que cette société métropolitaine a pris le contrôle de la SIDR, les grandes manoeuvres peuvent commencer. Dans plusieurs directions.
Passer des logements sociaux aux logements intermédiaires
Contrairement à tout ce qui a été avancé par la SNI pour arriver à ses fins, cette SEM oeuvrant historiquement à la Réunion dans le domaine du logement social va abandonner ce qui était son coeur de métier.
La SIDR est en passe de changer de modèle. Elle n'achète plus depuis un certain temps de nouveaux terrains. Les services "construction" et "aménagement" ont vocation à disparaitre dans les deux ans à venir... La SIDR va acheter des projets clés en main en VEFA (vente en l'état futur d'achèvement) à des promoteurs privés.
D'où une évolution du social vers le logement intermédiaire, en orientant la société vers les PLS (prêts locatifs sociaux). Grâce à eux, la SIDR pourra donner l'illusion de rester dans le social, ce qui ne sera plus vraiment le cas, mais surtout pourra faire des plus values exceptionnelles
Les PLS? Il s'agit d'un montage social sans financement de l'état avec à la clé une exonération de taxe foncière et une TVA à taux réduit. En général les PLS sont revendus après 15 ans.
Avantage : Les PLS sont comptabilisés dans le décompte des 25% obligatoires de logements sociaux par commune, mais le niveau des loyers est bien supérieur à ceux des autres produits sociaux : 7 à 8 euro par m2.
Ca tombe bien, les PLS sont le coeur de métier de la SNI. Sauf qu'on est presque au niveau des logements privés. Le financement se fait par des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations à taux préférentiel. Ca tombe bien : La SNI est une filiale de la Caisse des Dépôts...
La SIDR veut racheter d'autres SEM spécialisées dans le logement
Autre conséquence : Il se murmure dans les couloirs de la direction de la SIDR que, pour mener à bien ce changement d'orientation politique, la société envisagerait de racheter plusieurs SEM réunionnaises, dont les PLS sont la spécialité.
Ne le répétez pas car c'est encore un secret, mais la SIDR aurait jeté son dévolu sur plusieurs sociétés. Les noms les plus fréquemment cités en interne sont la Sodegis, la Semader et la Semac. Malgré les dénégations officielles de la direction de la SIDR que nous avons interrogée sur le sujet.
L'annonce de cette nouvelle, si elle se confirme, devrait faire pas mal de bruit. Pas sûr que les élus, qui siègent dans les conseils d'administration de ces trois SEM, voient cela d'un bon oeil... Daniel Gonthier, le maire de Bras Panon qui siège au conseil d'administration de la SIDR, aurait poussé un coup de gueule sur le sujet récemment.
L'objectif? Se débarrasser des salariés de plus de 58 ans et des cadres récalcitrants
En interne aussi, les rouages grincent... Preuve en est de la grève déclenchée aujourd'hui et demain, et qui rencontre un franc succès.
L'objectif fixé par la SNI à Bernard Fontaine, le directeur de la SIDR, est simple : Il doit rendre la mariée propre avant la prise de contrôle officielle de la SNI... A charge pour lui de régler les vieux dossiers, de vendre tout ce qu'il y a à vendre en cassant les prix, de clôturer les opérations d'aménagement.
Dans le même temps, il passe un maximum de provisions.
Cet ancien énarque a vite fait de choisir entre la loyauté qu'il doit à ses salariés et la paye confortable qu'il touche en fin de mois. Il s'est plié servilement aux exigences de la SNI. Son boulot : expliquer aux syndicats et aux salariés que les affaires vont mal, que la SIDR perd de l'argent et qu'il faut donc faire des économies.
Comment? Là aussi en violation totale des promesses faites, en se débarrassant du maximum de personnel.
Comme licencier coûte cher, et que ce serait un peu trop visible, consignes ont été données à Bernard Fontaine de mettre une pression terrible sur certains personnels bien ciblés : les plus de 58 ans qui représentent une cinquantaine de personnes...
Mot d'ordre passé aux directeurs : contrôler, sanctionner, mettre la pression...
Le but? Les amener à démissionner ou à accepter un départ transactionnel.
Egalement dans le viseur un certain nombre de cadres récalcitrants qui sont actuellement en procès contre la SIDR pour le paiement de leurs primes. Trois ont déjà été licenciés.
Faire remonter le cash vers Paris
Cette nouvelle stratégie va générer pas mal de bénéfices du fait que la SIDR est exonérée d'impôts sur les sociétés en raison de sa vocation sociale. Mais comment va faire la SNI pour rentabiliser son investissement et récupérer les bénéfices?
Très simple : en interposant entre la SNI et la SIDR des GIE (groupements d'intérêt économique) qui vont gérer certains pôles (DRH, marketing, etc...). Ce sont ces GIE, contrôlés par la SNI, qui vont facturer -cher- leurs prestations à la SIDR et permettre ainsi de faire remonter le cash vers Paris. La SNI va les imposer à la SIDR nouvelle formule et le tour sera joué...
Et voilà comment une société qui oeuvrait jusqu'à maintenant dans le social en faveur des Réunionnais, va devenir une société destinée à produire des bénéfices au profit d'une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, une structure étatique qui se comporte comme la pire des sociétés capitalistes...
Certains Réunionnais paieront leurs loyers plus cher? Pas leur problème...
D'autres ne pourront même plus accéder à un logement social, les loyers étant trop chers pour eux? Pas leur problème...
De nombreux salariés vont se retrouver sans emploi? Pas leur problème...
Reste maintenant à savoir ce que va faire le Département qui détient toujours 47% du capital. Alain Armand, qui représentait le conseil général au sein du conseil d'administration, avait envisagé une cession, avant de démissionner de son poste de président. On verra bien ce que décidera le futur président élu le 18 décembre prochain.
Une belle opération puisqu'elle aura déboursé pour cela 43 millions d'euros, alors que le rapport établi par le cabinet spécialisé d'expertise comptable Syndex, à la demande des instances représentatives du personnel avait estimé la SIDR à 2 milliards d'euros...
Maintenant que cette société métropolitaine a pris le contrôle de la SIDR, les grandes manoeuvres peuvent commencer. Dans plusieurs directions.
Passer des logements sociaux aux logements intermédiaires
Contrairement à tout ce qui a été avancé par la SNI pour arriver à ses fins, cette SEM oeuvrant historiquement à la Réunion dans le domaine du logement social va abandonner ce qui était son coeur de métier.
La SIDR est en passe de changer de modèle. Elle n'achète plus depuis un certain temps de nouveaux terrains. Les services "construction" et "aménagement" ont vocation à disparaitre dans les deux ans à venir... La SIDR va acheter des projets clés en main en VEFA (vente en l'état futur d'achèvement) à des promoteurs privés.
D'où une évolution du social vers le logement intermédiaire, en orientant la société vers les PLS (prêts locatifs sociaux). Grâce à eux, la SIDR pourra donner l'illusion de rester dans le social, ce qui ne sera plus vraiment le cas, mais surtout pourra faire des plus values exceptionnelles
Les PLS? Il s'agit d'un montage social sans financement de l'état avec à la clé une exonération de taxe foncière et une TVA à taux réduit. En général les PLS sont revendus après 15 ans.
Avantage : Les PLS sont comptabilisés dans le décompte des 25% obligatoires de logements sociaux par commune, mais le niveau des loyers est bien supérieur à ceux des autres produits sociaux : 7 à 8 euro par m2.
Ca tombe bien, les PLS sont le coeur de métier de la SNI. Sauf qu'on est presque au niveau des logements privés. Le financement se fait par des prêts de la Caisse des Dépôts et Consignations à taux préférentiel. Ca tombe bien : La SNI est une filiale de la Caisse des Dépôts...
La SIDR veut racheter d'autres SEM spécialisées dans le logement
Autre conséquence : Il se murmure dans les couloirs de la direction de la SIDR que, pour mener à bien ce changement d'orientation politique, la société envisagerait de racheter plusieurs SEM réunionnaises, dont les PLS sont la spécialité.
Ne le répétez pas car c'est encore un secret, mais la SIDR aurait jeté son dévolu sur plusieurs sociétés. Les noms les plus fréquemment cités en interne sont la Sodegis, la Semader et la Semac. Malgré les dénégations officielles de la direction de la SIDR que nous avons interrogée sur le sujet.
L'annonce de cette nouvelle, si elle se confirme, devrait faire pas mal de bruit. Pas sûr que les élus, qui siègent dans les conseils d'administration de ces trois SEM, voient cela d'un bon oeil... Daniel Gonthier, le maire de Bras Panon qui siège au conseil d'administration de la SIDR, aurait poussé un coup de gueule sur le sujet récemment.
L'objectif? Se débarrasser des salariés de plus de 58 ans et des cadres récalcitrants
En interne aussi, les rouages grincent... Preuve en est de la grève déclenchée aujourd'hui et demain, et qui rencontre un franc succès.
L'objectif fixé par la SNI à Bernard Fontaine, le directeur de la SIDR, est simple : Il doit rendre la mariée propre avant la prise de contrôle officielle de la SNI... A charge pour lui de régler les vieux dossiers, de vendre tout ce qu'il y a à vendre en cassant les prix, de clôturer les opérations d'aménagement.
Dans le même temps, il passe un maximum de provisions.
Cet ancien énarque a vite fait de choisir entre la loyauté qu'il doit à ses salariés et la paye confortable qu'il touche en fin de mois. Il s'est plié servilement aux exigences de la SNI. Son boulot : expliquer aux syndicats et aux salariés que les affaires vont mal, que la SIDR perd de l'argent et qu'il faut donc faire des économies.
Comment? Là aussi en violation totale des promesses faites, en se débarrassant du maximum de personnel.
Comme licencier coûte cher, et que ce serait un peu trop visible, consignes ont été données à Bernard Fontaine de mettre une pression terrible sur certains personnels bien ciblés : les plus de 58 ans qui représentent une cinquantaine de personnes...
Mot d'ordre passé aux directeurs : contrôler, sanctionner, mettre la pression...
Le but? Les amener à démissionner ou à accepter un départ transactionnel.
Egalement dans le viseur un certain nombre de cadres récalcitrants qui sont actuellement en procès contre la SIDR pour le paiement de leurs primes. Trois ont déjà été licenciés.
Faire remonter le cash vers Paris
Cette nouvelle stratégie va générer pas mal de bénéfices du fait que la SIDR est exonérée d'impôts sur les sociétés en raison de sa vocation sociale. Mais comment va faire la SNI pour rentabiliser son investissement et récupérer les bénéfices?
Très simple : en interposant entre la SNI et la SIDR des GIE (groupements d'intérêt économique) qui vont gérer certains pôles (DRH, marketing, etc...). Ce sont ces GIE, contrôlés par la SNI, qui vont facturer -cher- leurs prestations à la SIDR et permettre ainsi de faire remonter le cash vers Paris. La SNI va les imposer à la SIDR nouvelle formule et le tour sera joué...
Et voilà comment une société qui oeuvrait jusqu'à maintenant dans le social en faveur des Réunionnais, va devenir une société destinée à produire des bénéfices au profit d'une filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations, une structure étatique qui se comporte comme la pire des sociétés capitalistes...
Certains Réunionnais paieront leurs loyers plus cher? Pas leur problème...
D'autres ne pourront même plus accéder à un logement social, les loyers étant trop chers pour eux? Pas leur problème...
De nombreux salariés vont se retrouver sans emploi? Pas leur problème...
Reste maintenant à savoir ce que va faire le Département qui détient toujours 47% du capital. Alain Armand, qui représentait le conseil général au sein du conseil d'administration, avait envisagé une cession, avant de démissionner de son poste de président. On verra bien ce que décidera le futur président élu le 18 décembre prochain.