Difficile de faire plus ironique. La Réunion, régulièrement citée en exemple mondial pour le vivre-ensemble des différentes cultures qui s’y sont installées, va être la grande oubliée de la liste des personnalités issues de l’immigration et de la diversité.
Emmanuel Macron avait commandé une liste de « héros de la diversité » à un comité scientifique pour les donner aux villes afin qu’elles construisent des statues ou renomment des rues à leurs noms. Ce travail a été confié à un comité scientifique présidé par l’historien Pascal Blanchard.
À l’origine, le rapport devait comporter entre 300 et 500 noms. Le comité vient de rendre une première liste de 318 personnalités disparues. Parmi elles, 26 viennent de l’outre-mer. Seul Roland Garros représente La Réunion. Jackson Richardson, annoncé au départ parmi les premiers noms, a été sorti de la liste. Il fera peut-être partie de la deuxième salve qui concernera les personnes vivantes.
Cette liste comporte des personnalités françaises de toutes origines et représente un bon nombre de secteurs. Des artistes, hommes et femmes politiques, scientifiques ou héros de guerre, sont présents dans cette liste. Ils étaient 1700 au départ, mais il ne devrait en rester que 440 à la fin.
L’outre-mer exclue dès le Comité scientifique
Si une telle liste est nécessairement subjective, le fait que l’outre-mer ne fournisse que 8% des personnalités autour de la diversité, 0,3% pour La Réunion, peut s’expliquer par la constitution du Conseil Scientifique.
Autour du très médiatique historien Pierre Blanchard, spécialiste de l’Empire colonial français, d’études postcoloniales et d’Histoire de l’immigration, se trouvent 18 membres. Parmi eux, seul France Zobda est originaire des DOM-TOM. Le choix de privilégier une actrice martiniquaise à un universitaire ultramarin, comme seul représentant de l’outre-mer, est toutefois discutable.
Dans ce comité qui se dit scientifique, seuls cinq historiens font partie du groupe. Aucun d’une université ultramarine. Un politologue marocain est le dernier candidat qui peut représenter une science sociale. Le Maroc a d’ailleurs plus de représentants (2) que les outr-mer et le reste du Maghreb réunis.
En décembre dernier, lorsqu’il évoquait ce projet, Emmanuel Macron déclarait qu’« il y a une part de notre histoire collective qui n’est pas représentée ». Et cette part semble s’appeler La Réunion.