Cette charte a été élaborée par l’université de Corse, et signée le 24 mai par le Syndicat des travailleurs corses (STC), les présidents des chambres de métier, commerce et agriculture, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), et des syndicats étudiants.
Elle prévoit que les entreprises signataires favorisent « le recrutement de ceux qui ont leurs centres d’intérêts moraux et matériels en Corse et dont les compétences sont suffisantes ». La charte précise que « ceux qui sont nés en Corse, qui y ont suivi leurs études, qui y vivent ou qui y ont habité, mais qui ont été contraints de la quitter (…), ceux qui ont des attaches familiales ou qui sont propriétaires de biens immobiliers », seront considérés comme prioritaires, à compétences égales.
« Ce ne serait pas discriminatoire à Paris, mais en Corse, oui ? »
Le préfet de région, Bernard Schmeltz, dénonce « une discrimination à l’embauche », et prévient que les entreprises signataires « s‘exposeraient à des poursuites civiles et pénales ».
« Beaucoup d’entreprises nous contactent parce qu’il y a une adhésion à l’idée et pour l’image de l’entreprise, c’est sain », plaide Jean-Guy Talamoni. « Cette charte est en faveur de l’emploi local », se défend-t-il, ajoutant que « les Corses doivent pouvoir travailler dans l’île sans avoir à choisir entre le chômage, le renoncement à un meilleur emploi ou l’exil ».
« La réponse du préfet est choquante », estime Jean-Guy Talamoni, rappelant que la Ville de Paris a elle aussi mis en place une « charte de développement de l’emploi local ». « Ce ne serait pas discriminatoire à Paris, mais en Corse, oui ? » ironise le président de l’Assemblée de Corse, qui rappelle que le taux de chômage est plus élevé dans l’île de Beauté que dans la capitale.
Interrogé par France Info, Jean-Guy Talamoni prend appui sur le cas de l’île de La Réunion : « Le Premier ministre Manuel Valls est allé à La Réunion dans le courant de l’été 2015 pour aller signer exactement cette même charte en faveur de l’emploi local. »