« Il y a une dizaine d’années, lorsque nous nous étions rendus au Festival de Cannes, nous étions sous la tente « Cinéma du monde ». Pour présenter La Réunion, je n’avais que des jus de fruits et des photos du volcan ou de baleines. Aujourd’hui, nous y allons avec des films et des réalisateurs de l’île », se remémore amusé Edy Payet, le délégué général de l’Agence Film Réunion.
Car en 10 ans, la filière cinéma de l’île n’a jamais cessé de grandir, au point d’accueillir de nombreuses productions venues de métropole et même de l’international. Malheureusement, comme l’ensemble des secteurs de l’île, la production cinématographique a été frappé de plein fouet par la crise Covid. Conséquence, la moitié des tournages prévus a été reportée, l’autre moitié tout simplement annulée. Un coup dur qui aurait pu laisser les professionnels sur le carreau.
Un projet inédit
Les professionnels du secteur, ainsi que la Région Réunion et l’Agence Film Réunion se sont alors demandé comment maintenir ce secteur qui rapporte 15 millions d’euros annuellement à l’économie de l’île. « La Covid est arrivée et a impacté nos vies et la filière cinéma. En quelques jours, les projets ont été réduits. L’impact a été immédiat sur les 750 emplois qu’elle comprend », indique Vincent Payet, le vice-président de la Région Réunion, délégué au développement du numérique et à l’industrie de l’image.
C’est ainsi qu’est née l’idée du projet « La Réunion : ce qui nous rassemble ». Un appel à projets a été lancé et 18 scénarios ont été retenus pour être produits. Le résultat sera projeté le mardi 11 mai à 19h50, en simultanée sur Réunion Première, Antenne Réunion et Canal + Réunion.
Ce projet a été confié à Estelle Jomaron, la vice-présidente de l’Agence Film Réunion. Elle explique que la situation a permis de fédérer tous les acteurs locaux pour sauvegarder cette filière. « Il y a eu une vraie coopération entre tous les acteurs de la filière. Malgré les circonstances, La Réunion est restée le seul territoire français où des tournages ont pu avoir lieu (OPJ 9-7-4, Petit Piaf) », souligne-t-elle.
Développer une filière d’avenir
Avant la crise, 1 euro investi dans la production cinématographique en rapportait 4. Cette rentabilité faisait donc de la filière cinématographique un enjeu économique indéniable. En plus de l’aspect financier, c’est la culture et le savoir-faire réunionnais qui était mis en avant.
Si La Réunion accueille de nombreux tournages, l’objectif des professionnels et des institutions est de développer une vraie industrie créatrice sur l’île. Aider les jeunes talents locaux est l’une des missions que s’est fixée l’Agence Film Réunion, notamment au travers d’ateliers et de formations.
Pour Eric Fruteau, le président de l’Agence Film Réunion, il faut à présent mettre l’accent sur les oeuvres réunionnaises. « Le cinéma peut nous permettre de mettre La Réunion sur la carte nationale et internationale. Il faut s’inspirer de ce qu’ont fait les Sud-Africains et les Néo-Zélandais qui ont su créer une vraie industrie. Nous espérons pouvoir bientôt produire des longs métrages », ambitionne-t-il.
Le développement de cette filière sur la dernière décennie est l’une des fiertés de Didier Robert. En dix ans, le chiffre d’affaires de la production cinématographique dans le département est passé de 1 à 45 millions d’euros. « Pouvoir amener notre île à un tel développement est l’une des raisons de mon engagement politique », indique l’homme fort de la Pyramide inversée avant d’ajouter que « l’ambition qu’on peut avoir, c’est de faire de La Réunion une terre d’image et de tournage ».