Nous avions quitté l’association [Nautilus]urlblank:http://nautilus-lajeanne.com/ et son président passionné Guy Marcoz voilà un an. A l’époque, la visite à la Réunion du président de la fédération française de plongée avait permis un lobbying supplémentaire pour le projet d’immersion du bâtiment la Jeanne D’Arc, navire école qu’on ne présente plus aux Réunionnais.
« J’ai rencontré, avec le président du comité régional de plongée, Georges Masanelli, et un représentant marseillais de la fédération française de plongée, un collaborateur du président de Région il y a trois semaines », explique Guy Marcoz. Mais l’infime espoir est venu d’un échange informel entre le président du comité des pêches et Didier Robert, président de la Région, quelques jours avant cette rencontre à la pyramide inversée. Jean-René Enilorac, lui-même fervent supporter de ce projet bien vu par les pêcheurs, rapporte de Didier Robert son accord de principe pour « soutenir le projet à 100% ». La prise de contact est encore récente. Cet appui régional reste donc pour l’heure officieux.
Avec tous les éléments de présentation du projet en mains, c’est à la Région, fer de lance de la politique touristique, de peser de tout son poids auprès du gouvernement. La demande de la Région réclamant la « cession à l’euro symbolique » de la coque R97 de l’ex-Jeanne D’Arc par l’Etat est dans les tuyaux. Autre bonne nouvelle acquise depuis la campagne des présidentielles, Guy Marcoz peut se targuer d’avoir obtenu les encouragements du candidat Hollande qui y voyait là un projet porteur « pour le tourisme et donc l’économie » de notre destination.
Cet appui de celui qui allait devenir le Président de la République est de taille. En tant que chef des armées, il reviendrait à François Hollande de décider du sort réservé à la Jeanne D’Arc. La question reste à flot : la Jeanne D’Arc va-t-elle finir en métal désossé et fondu ou coulée dans la baie de Saint-Paul par 45m de profondeur ?
Pour Guy Marcoz, le choix est fait. « La coque du navire pèse 8.000 tonnes. Au prix du cours du fer actuel fixé à moins de 150 euros la tonne », cela ferait entrer dans les caisses de l’Etat environ 1,2 million d’euros. « Ce qui ne couvrirait même pas le coût des opérations de démantèlement du navire », précise-t-il. Dans ces conditions, l’ossature de la Jeanne D’Arc pourrait profiter, presque éternellement, à l’économie d’un territoire et de sa visibilité par delà les océans.
Différent de la ferme aquacole
« Avec 800 escales aux quatre coins du monde pendant ses 45 ans de service, la Jeanne est très connue », assure Guy Marcoz. Outre les plongeurs venus de l’extérieur, le bateau pourrait très bien être visionné depuis un bateau à fond de verre à la surface de l’océan. Si l’aspect économique pour la filière touristique ne manque pas d’être mis en avant par le spécialiste du dossier, il espère également greffer à l’éventuelle immersion du bateau un volet pédagogique et culturel sur le peuplement des îles de l’océan Indien… par la mer.
Au lancement de son projet il y a quelques années, la question du risque requin ne se posait pas. Aujourd’hui, Guy Marcoz n’évite pas la question sur l’éventuel effet de concentration de poissons de ce futur récif artificiel. « Avec la ferme aquacole, les requins étaient attirés par les frétillements lorsqu’ils nourrissaient les poissons. Cela n’a rien de naturel. Avec l’immersion, il s’agit d’un éco-système naturel. Le jour, vous aurez des activités de plongée, la nuit les pêcheurs pourront réguler la zone. Et ils sont demandeurs », argumente-t-il.
Le lobbying régional couplé avec celui des passionnés de la mer ne doit pas se relâcher. Un appel d’offres pour la dépollution de la Jeanne déjà désarmée ainsi que du croiseur Colbert a été publié fin septembre par le Ministère de la Défense. L’entreprise spécialisée dans ce type d’opération qui obtiendra le marché sera choisie avant fin 2013.