Le tableau dressé est alarmiste: tournées interminables avec du courrier ne pouvant pas être distribué, travail s’accumulant sans cesse pour le lendemain, collègues en arrêt ou en congés non remplacés, la liste est longue. « Quand on rentre de congés on doit faire double, triple journée de travail. C’est dur sur le plan physique et mental » constate Bruno Aporchat. « L’idée selon laquelle le facteur fait un petit boulot tranquille » est fausse commente Johny Michel.
Les deux salariés partent du constat que la privatisation de la poste n’a pas profité aux employés. Le statut de fonctionnaire se fait de plus en plus rare et les conditions des salariés ne cadrent pas avec les règles du privé selon eux: pas de treizième mois, pas de comité d’entreprise. « La poste fait de la précarité à tous les niveaux » déplore Johny Michel. « Pourtant avec le taux de chômage qu’il y a sur notre île, la poste de La Réunion pourrait se positionner en place forte de l’emploi. Au lieu de cela, elle use de CDD et installe la précarité. Pour nous, ce n’est pas normal ».
Les deux salariés de la Poste dressent un tableau pessimiste de l’entreprise à tous les niveaux. L’inspection du travail a commencé une série de contrôles à la fin de l’année. Pénibilité de la tâche, risque psycho-sociaux: le constat est dressé. Johny Michel relate même un service dans lequel tous les employés seraient sous Prozac.
Parmi les autres revendications: l’accès aux postes de cadres supérieurs aux Réunionnais en priorité, la contestation de la diversification des tâches, la disparition des bureaux de poste communaux et la suppression d’emplois prévue dès 2016.