En préambule, il est nécessaire de rappeler les missions de la Cour des comptes qui sont définies par la Constitution au 1er alinéa de l’article 47-2 :
"La Cour des comptes assiste le Parlement dans le contrôle de l’action du Gouvernement. Elle assiste le Parlement et le Gouvernement dans le contrôle de l’exécution des lois de finances et de l’application des lois de financement de la sécurité sociale ainsi que dans l’évaluation des politiques publiques. Par ses rapports publics, elle contribue à l’information des citoyens. […]"
Juridiction administrative, la Cour remplit ces missions en toute indépendance.
Enfin les magistrats de la Cour des Comptes instruisent à charge et à décharge comme une institution judiciaire. Ainsi l’impartialité est assurée.
Pourtant, ces derniers temps, fait rare dans notre République, la Cour des Comptes a été prise à partie de façon virulente par un ministre, M. Guéant, suite au rapport très critique sur la politique menée depuis dix ans en matière de sécurité par le gouvernement.
On a vu les mêmes réactions pitoyables des politiques locaux suite au rapport très sévère de la Cour des Comptes sur la situation financière des communes des départements d’outre-mer.
A l’évidence la Cour des Comptes dérange nos politiciens qui voient leur communication démystifiée et leur gestion passée au peigne fin.
A la Possession, le pourfendeur des rapports de la C.R.C.R se nomme Jean Hugues Savigny. On l’a vu à l’œuvre lors du rapport 2008 de la C.R.C.R qui portait sur la gestion communale, le comité de jumelage, la RHI Tamarin Sarda et le marché de la RN1E. Ses interventions outrecuidantes en conseil municipal caractérisent bien le personnage. Mais il s’est bien abstenu d’évoquer le cas du comité de jumelage et pour cause…
Petit rappel. En 2001, J.H Savigny était encore dans une opposition virulente au maire Roland Robert, comme en témoigne son journal, Numéro 4 / Octobre-Novembre 2001. Impossible ici de traiter toute la diatribe et la virulence de ce journal qui est une charge féroce contre la gestion du maire Roland Robert. Nous nous pencherons uniquement sur un point longuement traité par Savigny : le comité de jumelage à travers l’opération "forum des îles" à Antanifotsy à Madagascar. La conclusion de cette affaire est résumée par la dernière phrase de Savigny : "Aux yeux des Possessionnais, la coopération régionale de la commune ressemble davantage à des occasions de voyages au profit d’un minorité…".
Monsieur Savigny avait tout compris ! Mais il a rapidement oublié !
La suite, tout le monde la connaît. Jean Hugues Savigny est passé de l’opposition à la majorité. Il a pris rapidement du galon pour être à ce jour l’adjoint délégué aux affaires financières.
En 2008, le rapport de la C.R.C.R concernant le comité de jumelage tombe. Les abus, les irrégularités, les gabegies sont dévoilés au grand jour. Cette fois, pas un mot de Savigny, silence radio, lui qui avait pourtant dénoncé publiquement en 2001 les errances de nos élus qui festoyaient avec l’argent public.
Mieux encore, lors du conseil municipal du 10 avril 2010, le maire fait voter l’affaire 11, "Prise en charge des frais de déplacement – levée de la prescription".
De quoi s’agit-il ? C’est toujours la même affaire qui refait surface. Bien avant le rapport de la C.R.C.R, le trésorier payeur et le préfet s’étaient opposés à la délibération en date du 17 octobre 2000 concernant la prise en charge des frais de mission de 6 élus sur le territoire de Madagascar dans le cadre du "Forum des Iles".
Mais, dix ans après, le maire soumet à son conseil municipal de lever de la prescription des créances des frais engagées par les élus en question.
Encore une fois notre adjoint délégué aux affaires financières s’est tu. Mais qui ne dit mot, consent, n’est-ce pas ?
Jean Paul FOIS