L’Assemblée de la Polynésie française a voté, jeudi à Papeete, pour la réinscription de la collectivité sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. L’archipel figurait sur cette liste lors de sa création en 1946, mais en avait été retirée l’année d’après.
Par 30 voix sur 57, l’Assemblée soumet donc cette requête au secrétaire général des Nations Unies et "appelle le président de la République à bien vouloir faciliter cette réinscription".
Les autonomistes considèrent la réinscription comme "un premier pas vers l’indépendance", tandis que la majorité, essentiellement composée d’indépendantistes, juge qu’elle permettrait "des relations assainies avec l’Etat", grâce "au regard extérieur de l’ONU", sans pour autant accéder rapidement à l’indépendance.
Oscar Temaru, qui a entamé un nouveau mandat de président de la Polynésie française en avril dernier, souhaite un "processus à la calédonienne" et regrette l’opposition du président de la République à toute perspective de "décolonisation".
L’idée d’un référendum accepté de tous
En juillet dernier, Nicolas Sarkozy avait déclaré dans les colonnes de la Dépêche de Tahiti, "tant que je serai président de la République, je protègerai les Polynésiens contre cette démagogie". La réaction du chef de file des indépendantistes ne s’est pas faite attendre : "Monsieur le président de la République, quand il va en Palestine, reconnaît le droit du peuple palestinien à son autodétermination, à sa patrie. Et quand il s’agit de nous?" avait-il demandé ironiquement.
La ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, a rappelé, dans un communiqué, que le territoire polynésien bénéficiait d’une "très large autonomie" dont l’Etat est le garant et que "rien ne permet, à ce stade, de considérer que les populations aient remis en cause de façon démocratique leur volonté d’appartenance" à la France.
Le sénateur Gaston Flosse, ancien de l’UMP qui régna durant près de 20 ans sur ce territoire, s’est inquiété d’une "dictature" qui pourrait découler de l’accès à l’indépendance du pays et a appelé à l’organisation d’un référendum sur ce sujet. Oscar Temaru n’y est pas opposé mais souhaiterait que seules les personnes ayant "au moins dix années de résidence" en Polynésie puissent y participer.