Le 21 février prochain, la Réserve naturelle marine fêtera ses cinq ans d’existence. Une Réserve qui a bénéficié du travail associatif de l’ancien « Parc marin de la Réunion », qui ne possédait pas du pouvoir de police sous sa configuration associative.
Contrairement à une idée reçue, la Réserve marine n’est pas « sanctuarisée » à 100%. Du Cap La Houssaye à Roches aux Oiseaux (du côté du Gouffre de l’Etang-Salé), la Réserve s’étend sur 40km de linéaire.
Mais la zone est plus spongieuse qu’il n’y paraît. Ainsi, la Réserve se décline en trois sous-catégories. La première est la plus restrictive : les zones dites de « protection intégrale » se comptent sur une seule main.
Cinq micro-localités sont concernées : du VVF de l’Ermitage jusqu’au restaurant le K’banon. Des poteaux distinctifs dans le lagon signalent la présence de cette zone. Suivent, vers le Sud, une zone située au Sud de l’école de la Saline jusqu’à petit Trou d’Eau, de Kélonia jusqu’à la Pointe des Chateaux, du restaurant la Varangue (Saint-Leu) jusqu’au poste MNS de la même ville, et enfin à l’Etang-Salé. Comparée à l’étendue de la Réserve, cette restriction totale (ni pêche, ni présence humaine tolérée), n’occupe que 5% de son quadrillage. Une goutte d’eau, en somme. Bref, « les arguments des anti-Réserve marine ne tiennent pas », estime un proche du dossier, qui préfèrera l’anonymat. Il faut dire que le sujet enflamme toujours les connaisseurs.
Un spot de Trois-Bassins situé en face d’une embouchure de ravine
La zone tampon, matérialisée par un code couleur en bleu clair hachuré, est une zone ouverte à la pêche, mais une pêche soumise à la réglementation. Les permis de chasse sont ainsi soumis à validation préalable par les agents de la Réserve. Pas plus de cinq kilos par jour et d’autres restrictions quant aux espèces pêchées font partie du travail de contrôle des éco-gardes. Cet espace est appelé « zone de protection renforcée ». Elle a été prise en considération de l’attente des pêcheurs professionnels.
Cette zone intermédiaire, comme son nom l’indique, autorise la présence humaine. Plongée bouteille, apnée, pratiques sportives… bref, 45% de ce littoral est donc potentiellement « occupé » par diverses activités. Seuls les jets ski y sont défendus, exceptés ceux des sauveteurs.
Quant à Trois-Bassins, objet de toutes les inquiétudes depuis ce week-end, elle se trouve entre deux zones (protection renforcée et de réglementation générale). Au Nord du spot (face à l’esplanade), c’est la protection renforcée qui prévaut. Côté Sud, les surfeurs peuvent s’adonner à leur pratique sur un espace ouvert de la Réserve marine (zone bleue claire). Un espace qui, comme sur la plupart des meilleurs sites de l’île, se trouve en face ou à proximité d’une embouchure de ravine. En l’occurrence, le spot de Trois-Bassins se situe quasiment en face de la ravine du même nom. Un lit de ravine qui permet, entre autres, de borner les limites des communes de Saint-Paul et donc de Trois-Bassins.
Comme chaque jour ou presque, et ce matin encore, des pêcheurs, eaux jusqu’à la taille, viennent pêcher à 300m des principaux rouleaux de vagues attendues par les surfeurs et bodyboardeurs. Ils occupent à leur manière cette zone. Comme nous l’avouera un habitué du spot, « les délimitations zones de pêche et non zone de pêche ne sont connues que des humains. Les requins ont tout loisir de se balader d’une zone à l’autre, en moins de deux secondes ».
La problématique n’est en effet pas simple. Une dernière question finit par mettre le doute : « autoriser une pêche totale sur les lieux de surf n’aurait-il pas l’effet inverse ? Et si pêcher beaucoup de poissons dont se nourissent les requins les amenait encore plus près du rivage… »