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(La Mauricienne) Maurice: Samedi noir pour la défense des droits: La marche des fiertés LGBT annulée

La Gay Pride mauricienne qui devait se dérouler aujourd'hui au Caudan à Port Louis, a été annulée par la police pour des raisons "de sécurité nationale". En fait, suite aux menaces de groupes extrémistes musulmans. Elle a été remplacée par un sit-in des défenseurs de la cause LGBT sur la Place d'Armes à Port Louis, mais cette manifestation pacifiste a été perturbée par des manifestants musulmans qui n'ont pas hésité à menacer de mort les militants LGBT. Ce qui a contraint la police à intervenir pour séparer les deux groupes. Notre blogueuse "La Mauricienne", particulièrement au fait de tout ce qui se passe dans l'ile soeur (je vous encourage vivement à lire ses posts dans notre rubrique "Blogs" en bas de page d'accueil) nous relate les faits et se laisse aller à donner son avis. Pour lui donner plus de visibilité, nous publions son article au fil de l'eau. Pierrot Dupuy

Ecrit par La Mauricienne – le samedi 02 juin 2018 à 16H26

Une semaine sous forte tension pour la communauté mauricienne LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) qui organisait sa 13e édition de la Marche des Fiertés ce samedi 2 juin au Caudan.

Dans un premier temps, la police l’avait interdite, pour des raisons de « sécurité nationale ». Ce qui avait conduit le collectif Arc-en-Ciel, organisateur de la marche, à décider de la tenue d’un sit-in. Finalement, les forces de l’ordre sont revenues sur leur décision vendredi. L’itinéraire a cependant été modifiée et l’horaire a aussi connu un changement.

 
Pauline Verner, consultante du Collectif Arc-en-Ciel a déposé une plainte pour menace de mort vendredi 1er juin au Central CID des Casernes Centrales. Elle a affirmé avoir reçu 126 e-mails au nom du Collectif Arc-en-Ciel avec des menaces de mort à son encontre. Elle a laissé entendre qu’on lui a clairement indiqué la manière dont elle sera tuée ainsi que les membres de la communauté LGBT si ces derniers « polluent nos rues demain ». Des mails avec le même message ont été envoyés à toutes les rédactions de l’ile. Dans un courage sidéral, le groupe de presse le Défimedia a opté pour le silence dans sa ligne éditoriale. Le mort d’ordre de la rédaction : aucun article sur la manifestation. Comme si l’événement lui même avait disparu de l’agenda dans une censure qui rappelle les pires moments de l’Histoire de la presse.
 
L’Attorney General Maneesh Gobin a condamné les menaces de mort dont a fait l’objet Pauline Verner. Qualifiant ces actes de « déplorables », il a demandé au commissaire de police de retrouver le plus vite possible les auteurs de ces menaces de mort et a lancé un appel : « Nou kapav pa dakor, mé pa vé dir nou avoy ménas de mort« .
 
Le collectif a maintenu la manifestation afin de ne pas capituler face au déferlement de haine et aux menaces sur les réseaux sociaux lancés par des internautes appartenant à la communauté musulmane qui ont lancé un appel à un contre-rassemblement au coeur de la capitale. 
 
Un groupe d’environ 500 musulmans, que des hommes, vêtus de façon traditionnelle avec barbe et turbans, était présent en rangs serrés sur la Place d’Armes, à Port Louis, des pancartes à la main, donnant de la voix pour montrer leur opposition à la Marche des Fiertés.

Dans une générosité sans égale, les illuminés ont distribué des malédictions divines à venir envers les LGBT « malpropres ». Face aux insultes en plein mois de ramadan, le contraste était saisissant avec en face un Collectif  illuminé des couleurs de l’arc-en-ciel dans une version plus tolérante et pacifique. La promesse était tenue. 

 
Jean-Luc Romero, homme politique et militant associatif français, invité d’honneur de la manifestation, a eu un aperçu du vivre ensemble mauricien et les dessous communaux de l’ile paradisiaque. Endeuillé par la mort brutale de son compagnon Christophe Michel, il avait accepté de parrainer la Pride de l’océan indien que lui avait organisé son défunt mari. Toute la presse française avec le soutien de ses amis artistes ont salué l’engagement de Jean-Luc Romero qui a honoré sa promesse envers son ancien compagnon. 
 
Ce n’est pas la première fois que l’ile Maurice fait l’objet de dérapages. Le dernier en date est un couac diplomatique. Deux salles, deux ambiances. En mai 2017 au sommet de l’Otan, la photo des First ladies avait fait le tour du monde. L’époux d’un chef d’Etat a posé pour la première fois avec les « premières dames » sur la photo officielle. Gauthier Destenay, marié au Premier ministre Luxembourgeois a pris la pose. Dans un Tweet aigre doux, Jonathan Drew, ex Haut-commissaire britannique à l’ile Maurice avait tweeté le 13 mars 2017 à l’occasion d’un banquet en l’honneur de la fête de l’indépendance : « Pas de place à la table pour mon mari, contrairement aux conjoints d’autres diplomates. Je suis parti avant le dessert. #EqualityForAll #Mauritius peut faire mieux« .  
 
Pour rappel, après diverses campagnes en faveur de la légalisation de la sodomie à Maurice, la dernière newsletter du Directeur des poursuites publiques (DPP), le 15 mai 2017, est venue relancer le débat sur le sujet. Me Satyajit Boolell remet en question la constitutionnalité de l’article 250 du Code pénal. Il cite aussi l’article 17 de la Convention internationale des droits civils et politiques. Le DPP rappelle qu’aucun citoyen mauricien ne peut être victime de discrimination basée sur le sexe.
 
La Mauricienne dédie cette publication à Christophe Michel Romero, militant et secrétaire général de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité et tous ceux prônant la liberté d’expression, la liberté d’exister, la liberté d’aimer.

 

(La Mauricienne) Maurice: Samedi noir pour la défense des droits: La marche des fiertés LGBT annulée

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