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La Grèce, et après?

Sur le plan politique, Alexis Tsipras est un fin manœuvrier. Il a roulé ses alter ego et la Commission européenne, tous ultra-libéraux, tous pour une politique d’austérité, dans la farine d’un pain Pita. Il ne pouvait pas perdre le référendum. C’est pour cela que le gouvernement grec n’a pas voulu influencer le peuple grec qui […]

Ecrit par Bruno Bourgeon, président d'AID – le lundi 06 juillet 2015 à 12H47

Sur le plan politique, Alexis Tsipras est un fin manœuvrier. Il a roulé ses alter ego et la Commission européenne, tous ultra-libéraux, tous pour une politique d’austérité, dans la farine d’un pain Pita. Il ne pouvait pas perdre le référendum. C’est pour cela que le gouvernement grec n’a pas voulu influencer le peuple grec qui votait. En effet, il a clairement annoncé que ce vote n’était pas un vote oui ou non à l’Europe, oui ou non pour rester dans la zone euro, pour ou contre Syriza. Il a rajouté que quel que soit le résultat, il continuerait de gouverner le pays, et suivrait la volonté de son peuple. Ainsi :

– En cas de OUI, donc pour une politique d’austérité, il l’appliquerait (bien que secrètement opposé à cette solution) ;

– En cas de NON, il engagerait la négociation sur de nouvelles bases, fort de la puissance de tout un peuple derrière lui.

On comprend mieux les réactions pleines d’arrogance et de morgue du ministre de l’économie et du vice-chancelier allemands, les maladresses de Harlem Désir, de Michel Sapin, et le mépris de Christine Lagarde. Oui mais voilà : cette fois, les peuples (au moins le peuple grec) s’invite à la table des négociateurs, et ce n’est plus la même chose. On va désormais se rendre compte si l’Europe est réellement démocratique.

Sur le plan économique, d’abord négocier quoi ? La dette ? La restructuration du système économique grec ? Examinons les :

– La dette : elle ne repose pas sur le portefeuille des Européens, puisque elle est garantie par le Fonds Européen de Solidarité Financière (FESF) ; la Grèce peut (et doit) poursuivre ses emprunts pour rembourser sa dette ; le salariat public représente en 2011 en Grèce 42% du PIB, contre 45% en Allemagne, et 52% en France, ainsi les Grecs ne se goinfrent pas sur le dos des Européens ; les Grecs n’ont pas profité des 207 milliards d’euros reçus de 2010 à 2013, car 77% de cette somme a servi à recapitaliser les banques privées grecques ou à créditer les créanciers (banques européennes et américaines) ; l’échec de l’austérité, qui devait servir à rembourser cette dette, est criant, et il y a des alternatives ; l’austérité ne marche pas, le PIB de la Grèce a chuté de 25.8% depuis 2007 ; l’austérité aboutit à une perte de la qualité de la Santé en Grèce ; à cause de cela, devant le désastre auquel la politique de Papandréou et consorts a mené, les Grecs n’ont pas abdiqué. Ils ont voté NON.

– La restructuration économique : voici ce que propose Alexis Tsipras, et cela nécessite des investissements auxquels la BCE (et le reste de la Troïka : FMI, Commission Européenne) devront bien consentir :

o Une renégociation des contrats de prêts et de la dette.

o Un plan de reconstruction immédiate : mesures pour les plus pauvres (électricité et soins médicaux gratuits, tickets-repas…), le rétablissement du salaire minimum de 751 euros, la réinstauration des conventions collectives

o La reconstruction de l’État : lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, contre la corruption, réembauche des fonctionnaires licenciés.

o Un plan de reconstruction : arrêt des privatisations, industrialisation et transformation de l’économie sur des critères sociaux et écologiques.

Mais la Grèce n’est pas libérée de l’austérité pour autant. Les nouvelles mesures devront être financées sans accroître le déficit. Les privatisations seront maintenues. La Grèce s’engage à payer l’intégralité de la dette, et à ne pas revenir en arrière sur les privatisations. La hausse du salaire minimum et la restauration des négociations salariales sont repoussées. De nouvelles épreuves de force sont à prévoir dans les mois qui viennent.

Bruno Bourgeon, président d’AID
http://aid97400.re

 

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