L’un des intermédiaires lors de contrats d’armement de la vente en 1994 de trois sous-marins par la France au Pakistan, Ziad Takieddine, a accusé hier les Chiraquiens d’avoir fait de la France « un des pays les plus corrompus au monde« .
Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, il accuse « Jacques Chirac et Dominique de Villepin, à l’Elysée, et leurs ‘hommes, le diplomate Maurice Gourdault-Montagne et, notamment, un homme de l’ombre, Alexandre Djouhri, d’avoir, par leurs agissements, fait que la France passe aujourd’hui pour un des pays les plus corrompus au monde et ne vende plus rien à l’international« .
Cet homme d’affaires d’origine libanaise se défend d’avoir joué un rôle d’intermédiaire dans la vente de sous-marins français au Pakistan en 1994, contrat qui aurait donné lieu au versement de commissions, et a déposé début mai une série de plaintes visant les auteurs de déclarations et d’informations apparues dans le cadre de l’enquête sur l’attentat de Karachi (14 morts dont 11 Français en mai 2002).
Selon le NouvelObs, les juges d’instruction Marc Trévidic et Yves Jannier étudient aujourd’hui la possibilité que l’attentat de Karachi soit lié à l’arrêt, entre fin 1995 et début 1996, de certaines des commissions dans les contrats de vente de sous-marins Agosta 90B au Pakistan et de frégates militaires à l’Arabie Saoudite, dit Sawari II.
L’existence de « rétrocommissions » qui auraient pu servir à financer la campagne d’Edouard Balladur a été évoquée, ce que l’ancien Premier ministre, entendu par une mission d’information de l’Assemblée nationale, a nié.
M. Takieddine, assure également avoir été un témoin direct de la rivalité entre Chiraquiens et Sarkozystes au sujet du contrat Miksa, « un important marché d’équipement de police pour la surveillance des frontières saoudiennes« .
« Avec (Claude) Guéant et (Brice) Hortefeux, nous nous sommes rendus une première fois à Riyad en octobre 2003 avec un projet de contrat complet ‘sans intermédiaire’. Lors d’un deuxième rendez-vous, trois semaines plus tard, le prince Naiev, ministre de l’Intérieur, nous a sorti une autre ‘offre’ française, émanant des chiraquiens… de 22% plus chère« , détaille-t-il en la qualifiant de « honteuse pour la France« .
M. Takieddine assure par ailleurs avoir rencontré le général Philippe Rondot à la demande de l’Elysée. « Il arrive et me parle du contrat Miksa, avant de me proposer un ‘partage’ des commissions entre chiraquiens et sarkozystes« , affirme-t-il.
L’avocat de M. Rondot, Me Eric Morain, répond dans le « JDD » que son client « ne connaît pas M. Takieddine et ne l’a jamais rencontré » et que cette rencontre « aurait été mentionnée dans les carnets » du général si elle avait eu lieu.
Quoi qu’il en soit, si ces pratiques devaient être confirmées, elles ne feraient que nuire un peu plus à l’image de nos hommes politiques…