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La Fédération hospitalière défend le CHU et son offre de soins dans la région

Jeudi, les grévistes du CHU de La Réunion ont décidé de stopper les manifestations mais de poursuivre le mouvement après avoir rencontré la ministre Ericka Bareigts. Pour la fédération Hospitalière de France Océan Indien, il apparait nécessaire de "construire une feuille de route qui inscrive le CHU sur la voie d’un retour à l’équilibre financier durable". Mais "dans le contexte économique et social actuel à La Réunion, il est inopportun d’envisager un plan social massif alors même qu’un redéploiement peut être organisé", propose Gérald Incana, président de la FHF OI.

Ecrit par – le dimanche 05 mars 2017 à 15H46
La fédération Hospitalière de France Océan Indien réunit les hôpitaux de La Réunion et de Mayotte, elle défend l’autonomie des établissements hospitaliers et médico-sociaux.

La publication et la communication du rapport de l’IGAS sur la dégradation de la situation financière du CHU de La Réunion occupe l’actualité depuis plusieurs jours. Elle suscite légitimement des interrogations et des inquiétudes dans la population réunionnaise et chez les professionnels de santé.

Au-delà de la nécessité de disposer d’une analyse transparente et partagée sur les causes de cette situation, il nous faut surtout et rapidement construire une feuille de route qui inscrive le CHU sur la voie d’un retour à l’équilibre financier durable autour de 3 exigences :

– Le maintien du niveau de la qualité des soins due aux populations de la Réunion et de Mayotte

– La qualité de vie au travail des personnels

– Le rétablissement d’une situation financière saine qui conditionne le maintien des emplois et la réalisation des investissements nécessaires à l’adaptation et au développement d’un plateau technique hospitalier de haut niveau.
 

Cet objectif nous concerne tous parce que le CHU de La Réunion occupe une place centrale dans l’offre de soins à la population, notamment en termes d’activités de proximité et de recours, de formation des professionnels et de développement d’une recherche centrée sur les problématiques réunionnaises de santé publique.

« Tous les maillons de l’offre de soins sont concernés par la situation du CHU. Notre insularité renforce cette exigence de solidarité et de bonne synchronisation entre tous les acteurs du soin.

Soyons tous convaincus que la bonne santé de notre CHU conditionne largement l’efficience globale de notre système de santé réunionnais et donc in fine la qualité des soins à la population.

La Fédération Hospitalière de France – Océan Indien entend prendre toute sa place dans la recherche d’une solution raisonnable et soutenable à long terme qui doit réunir l’Etat, les élus et les représentants de la communauté hospitalière.

 

Sans nous substituer aux autorités de tutelle de l’Etat, notre démarche doit notamment questionner :

1. Le niveau d’accompagnement financier du CHU par l’Etat pour consolider les fondements de cette construction hospitalo- universitaire récente (2012) nécessaire au développement de soins spécialisés de haut niveau , de la formation et de la recherche au service de la population de la Réunion et de Mayotte.

2. Les modalités d’une juste et complète compensation financière de la contribution du CHU et des autres établissements à la santé de la population de Mayotte.

3. La compensation des surcoûts structurels induits par l’insularité, l’éloignement et la taille de la Région Réunion-Mayotte. Cette approche qui a été retenue pour la Corse avec la mise en place d’un comité régional sur les surcoûts a permis l’annonce par Madame la Ministre des Affaires sociales et de la santé , le 13 février dernier , d’un relèvement du coefficient géographique, de l’instauration d’un dispositif spécifique de compensation des surcoûts et d’une « sanctuarisation » du Fonds d’Intervention Régional (FIR) .

4. La hauteur de l’effort demandé aux hospitaliers pour rétablir sur 5 ans une situation financière saine. Il ne s’agit pas de contester le principe de l’effort auquel est confrontée l’ensemble de la communauté hospitalière nationale mais d’en interroger les modalités pour que celui-ci soit discuté, compris et compatible avec les exigences de qualité des soins et de qualité de vie au travail. Il convient d’ajouter que dans le contexte économique et social actuel à La Réunion, il est inopportun d’envisager un plan social massif alors même qu’un redéploiement peut être organisé au profit d’activités de soins aujourd’hui insuffisamment assurées.

5. Les moyens d’une collaboration renforcée entre l’ARS OI et le CHU pour piloter ensemble et en confiance le suivi du plan d’action nécessaire au rétablissement d’une situation financière satisfaisante. Ce plan d’action doit s’inscrire dans une démarche plus globale qu’appelait de ses vœux la Cour des Comptes dans son rapport de 2014 consacré à « La santé publique Outre-Mer – Une responsabilité de la République » dans lequel elle préconisait notamment : « un programme pluriannuel solidement construit, reposant sur une stratégie d’action publique profondément renouvelée ».
 

Au-delà des aspects techniques de ce dossier, la situation du CHU est bien aujourd’hui une question politique au sens le plus noble du terme.

D’abord parce que l’équité constitue un des fondements de notre vie démocratique. La prise en compte de cette dimension est particulièrement forte à la Réunion, région dont la dépense hospitalière par habitant reste très faible et qui mobilise beaucoup moins l’aide financière de l’Etat que d’autres régions ultramarines.

Ensuite parce que la santé s’est invitée depuis quelques jours dans le débat présidentiel. Les Français sont attachés à la pérennité de notre système de santé au sein duquel l’hospitalisation publique occupe une place fondamentale, notamment en termes d’égalité d’accès à des soins de qualité.

Enfin parce que les nécessités de prendre en compte les particularités des DOM TOM ont justifié l’adoption récente par le Gouvernement d’une « stratégie de santé pour les Outre- Mer » qui souligne notamment l’exigence de « mieux prendre en compte les spécificités ultramarines dans l’allocation de ressources aux établissements de santé ». Les intentions doivent s’inscrire dans la réalité comme le prévoit la loi récemment adoptée à l’unanimité par la Parlement en faveur de l’égalité réelle dans les Outre-mer français.

Dans ce contexte, il est urgent et nécessaire d’envoyer un signal fort et positif à la population réunionnaise et à la communauté hospitalière pour donner de la lisibilité et de la confiance dans ce « bien commun » qu’est notre système de santé réunionnais au sein duquel notre CHU doit continuer à occuper une place centrale en partenariat avec l’ensemble des acteurs de santé.

La fédération Hospitalière de France Océan Indien participe activement à l’amélioration permanente de la prise en charge du patient et la valorisation de la performance des soins. »

Gérald INCANA, Président de la FHF OI 

 

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