Après les promesses de François Hollande lors de sa visite en août, la 12e édition des Coulisses du BTP le mois dernier et l’annonce d’une première « alerte cyclonique » de la FRBTP (Fédération réunionnaise du bâtiment et travaux publics) récemment, la voilà qui se trouve désormais « dans l’œil du cyclone ». La fédération tire à nouveau la sonnette d’alarme ce lundi pour se faire entendre par les élus et appeler les autres acteurs de la filière BTP à se joindre à elle.
Si Bernard Siriex, président, dit « voir cette situation arriver depuis des années », ce sont les débats actuels à l’Assemblée nationale qui ravivent aujourd’hui de fortes émotions chez la FRBTP. Jeudi dernier, la députée Ericka Bareigts a interpellé la ministre du Logement, Sylvia Pinel, sur l’amendement au projet de loi de Finances pour 2015 visant à augmenter le plafond de la défiscalisation dans le logement intermédiaire à 18.000 euros. Un amendement qui n’a pas été voté suite à un avis défavorable du gouvernement.
Attirer de nouveau l’investissement extérieur dans le BTP à La Réunion, c’est ce que souhaite la FRBTP. « La filière est au bord d’une rupture qui pourrait être catastrophique, affirme le président, nous allons être 1 million d’habitants dans 10 ans; comment se loger et s’épanouir dans une île durable si on ne construit pas aujourd’hui? »
« Je suis passé de 90 salariés à cinq et j’ai perdu 70% de mon chiffre d’affaires »
Les chiffres que dévoilent la FRBTP sur la situation depuis six ans sont alarmants: la perte de 10.000 emplois, une baisse de 50% du chiffre d’affaires pour lequel il manquerait cette année 350 millions d’euros, un investissement par habitant en baisse de 55%, 22.000 logements en attente et 25.000 en surpeuplement, une probable baisse de 1.700 nouveaux logements par an, une baisse de l’activité dans les travaux publics de 50%, etc…
Aujourd’hui 3.000 emplois et 450 entreprises seraient menacés.
Les témoignages des chefs d’entreprise présents ce lundi révèlent que la réalité reflète ces données: « Je suis passé de 90 salariés à cinq et j’ai perdu 70% de mon chiffre d’affaires », raconte Thierry Legros, secrétaire de la FRBTP.
« La Réunion doit être attractive et pour cela nous demandons un plafond de défiscalisation à 18.000 euros ou minimum 15.000 euros pour que les investisseurs reviennent, insiste Bernard Siriex. Car il ne faut pas oublier l’importance des commandes privées ».
La fédération n’a pas précisé quelles actions allaient suivre mais demande avant tout « à voir les autres acteurs », car selon ces chefs d’entreprises, « si le BTP va mal, ça touchera tout le monde ».
Bernard Siriex, président de la FRBTP: