La lune de miel semble définitivement terminée entre la FEDOM (Fédération des entreprises des outre-mer), une sorte de MEDEF des entreprises ultramarines, et le gouvernement. Et en particulier avec la ministre des Outre-mer, Annick Girardin.
On se souvient qu’à l’occasion du vote au Parlement du projet de loi sur le financement de la Sécurité Sociale en novembre dernier, la FEDOM et l’ensemble des organisations socio-professionnelles ultramarines ont dénoncé « l’attitude du gouvernement concernant la révision de l’écosystème d’accompagnement économique des Outremer » avec notamment la suppression du CICE transformé en exonérations de charges. Exonérations de charges accusées de ne pas compenser intégralement le surcoût que vont subir les entreprises.
« Il (le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ndlr) ne répond aucunement à nos attentes et, « in fine », en tenant compte également de l’impact fiscal du basculement du CICE vers les charges sociales, c’est à une augmentation totale du coût du travail à laquelle les économies des DOM vont être confrontées en 2019« , avait déjà constaté la FEDOM, n’hésitant pas à déclarer que « le gouvernement trahit les Outre-mer et augmente le coût du travail : c’est l’emploi qui va en souffrir« .
La FEDOM en remet une couche aujourd’hui au travers d’un édito en s’en prenant à la Conférence du logement outre-mer qui s’est tenue le 31 janvier dernier à Paris, regrettant que les ateliers se soient tenus sans les professionnels ultramarins !
Voici l’intégralité du communiqué de la FEDOM :
« La conférence du logement, mesure phare du chapitre du livre bleu intitulé « Relever le défi du logement », lancée le 31 janvier dernier par la ministre des outre-mer, a débuté curieusement.
En effet, très attendue par les professionnels du logement et du BTP, secteur en crise s’il en est dans nos territoires, elle a pourtant démarré sans eux ces 7 et 8 février.
A l’exception d’une entreprise mahoraise spécialisée dans la fabrication de briques en terre, les services de l’état n’ont pas jugé utile d’associer les hommes de l’art et leurs représentants aux travaux portant notamment sur des sujets techniques, sur lesquels certains d’entre eux travaillent depuis le début des années 2000 !
L’adaptation des normes de construction aux réalités ultramarines sur laquelle le rapport de la délégation sénatoriale aux outre-mer a mis le focus, ne fait en effet partie des préoccupations des administrations centrales concernées que depuis relativement peu de temps, en dépit des nombreuses démarches menées de longue date à leur endroit par les professionnels ultramarins.
Ces professionnels attendaient donc légitimement que la FEDOM, et les membres de sa commission dédiée, soient a minima conviés. Cet « entre-soi » technocratique parisien les a choqués.
Ce démarrage n’est donc pas de nature à rassurer ceux qui craignent que cette initiative ne soit qu’un plan de plus, une perte de temps où l’on s’occupe de la couleur des volets alors que « la maison brûle ».
L’échec du Plan logement outre-mer signé en 2015 suscite la méfiance et le doute quant à la pertinence de ce nouvel exercice comme l’exprimait récemment Bernard SIRIEX, Président de la Commission BTP de la FEDOM et de la FRBTP dans la presse réunionnaise : « Lors des Assises des outre-mer, nous avons effectué un travail monstrueux, et cela avait débouché sur un document commun, super bien fait. On y croyait réellement. Le travail a déjà été fait, pourquoi le recommencer ? Nous allons perdre plus d’un an ».
Nous prenons le parti de ne pas insulter l’avenir mais nous attendons que les travaux qui vont être menés sur les territoires fassent l’objet d’une synthèse avec les administrations centrales et l’ensemble des acteurs concernés, préalablement à la rédaction du plan qui engagera leur devenir.
Sinon, la transparence et la co-construction, chères à la ministre des Outre-mer, ne seront que des vœux pieux« .