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La CGPER dénonce la politique d’attribution des terres agricoles sur l’île

La CGPER dénonce la politique d’attribution des terres agricoles sur l’île. Le syndicat estime que les jeunes sortant du lycée n’ont pas suffisamment d’accès aux terres, tandis que 166 ha vont être attribués à un seul exploitant à Saint-Paul.

Ecrit par GD – le lundi 13 septembre 2021 à 16H36

Le communiqué:
 

 
QUE FAISONS-NOUS POUR QUE NOS ENFANTS FORMES DANS NOS LYCEES AGRICOLES PUISSENT S’INSTALLER SUR DES TERRES AGRICOLES RÉUNIONNAISES…
 
Depuis plus de 15 ans, le groupe CBO Territoria est propriétaire d’un vaste domaine agricole qui s’étale à perte de vue sur plusieurs dizaines d’hectares dans le quartier de Savanna, à Saint-Paul. Longtemps, ces terres ont été exploitées par une SCEA (Société Civile  d’Exploitation Agricole) grâce à un bail agricole en bonne et due forme. Cette société civile d’exploitation agricole est en activité depuis 8 ans et elle est spécialisée dans le secteur d’activité de la culture de la canne à sucre.
 
Or sur ce site, un agriculteur a squatté plusieurs dizaines d’hectares sans titre de propriété et sans bail. Pendant plus de six mois, il a permis l’accès à des poids lourds qui déversaient des monceaux de déchets. 
 
Heureusement, l’affaire a été révélée au public et depuis les choses semblent être rentrées dans l’ordre ! 
 
Rentrées dans l’ordre dirions-nous ? 
 
Peut-être : Ces terres auraient fait l’objet d’une publicité en vue de renouveler le bail qui concerne au total près de 166 Hectares… nous apprenons de source qu’ils vont être attribués d’un seul tenant à un seul exploitant. 
 
Le hic, c’est que la SAFER RÉUNION , recense à ce jour près de 370 demandes dont 200 concernent des jeunes qui ont été formés dans nos lycées agricoles et qui peinent à trouver des terres pour s’installer.
 
Tous les ans, ce sont de 300 à 400 demandes qui affluent vers la SAFER et à peine 100 agriculteurs qui arrivent à toucher le jackpot de 1 à 2 ha… quand ce n’est pas moins…à titre d’exemple, pour le prochain comité technique de la SAFER en septembre, 4500 m² de terres agricoles sont libérés au Tampon et près de 24 candidats se sont positionnés pour tenter d’obtenir moins d’un demi-hectare.
Ce qui est paradoxal puisque pendant ce même temps à Savanna Saint Paul, 166 ha de bonnes terres irriguées s’apprêtent à recevoir l’autorisation d’exploiter des services de M. le préfet, et ce à un seul exploitant, qui plus est exerce déjà d’autres activités professionnelles.
 
Aucun service de la chambre d’Agriculture, d’autres institutions n’y voit là une anomalie flagrante et au pire une inégalité de traitement : D’un côté, l’on est obligé de gérer la pénurie des terres agricoles (4500 m² en compétition pour 24 demandeurs) et de l’autre l’abondance de terres agricoles ne nuit pas et profite à une seule personne…(les 166 ha de Savanna)
 
À la CGPER nous estimons qu’il y a là une absence de vision pour notre agriculture et même nous disons que ce type de procédés est criminel à l’égard de nos jeunes générations qu’on exhorte à se former et à investir l’agriculture pour relever le défi de notre autosuffisance alimentaire !
  • Que dirons-nous à nos enfants quand ils nous demanderont ce que nous avons fait de nos terres agricoles ?
  • Que faisons-nous, alors que des millions d’euros (investis dans nos lycées agricoles, nos centres de formation et dans les instances qui sont censées développer les filières de production réunionnaise) ne permettent pas finalement d’installer en nombre nos agriculteurs formés ?
La CGPER attire l’attention des politiques, des instances agricoles, des collectivités locales, des services de l’État et de ceux qui ont le pouvoir de donner les autorisations d’exploiter : 
 
« Nous ne pouvons laisser des centaines d’agriculteurs en compétition pour des exploitations de 4500 m² alors que dans le même temps nous ne prenons pas la décision urgente et impérieuse d’aménager ces 166 ha de Savanna pour installer à minima une trentaine de nouveaux agriculteurs sur 5 à 10 ha par exploitation (en moyenne) ». 
 
À la CGPER nous portons sereinement ce débat à la connaissance du public, car il est vital à La Réunion que nos enfants qui ont été formés à l’agriculture puissent s’installer sur des parcelles agricoles viables.
 
À défaut, nous nous exposons au risque de mettre à mal 30 ans de politique publique en faveur de l’agriculture réunionnaise, qu’il s’agit des investissements réalisés dans les outils de formation, les lycées agricoles (du CAP, BEP, Baccalauréat au BTS agricole…) où des millions d’euros investis dans la formation de nos apprentis et apprenants.
 
Nous nous exposons également à voir les jeunes se détourner de l’agriculture, alors que nous avons fixé l’objectif politique de notre autosuffisance alimentaire.
 
Aujourd’hui, La CGPER pose les questions suivantes :
Qui aura l’audace d’interdire l’accès aux bonnes terres agricoles irriguées à des centaines de jeunes réunionnais formés ?
Qui aura l’audace de leur dire qu’il n’y a pas de terre pour eux ?
Qui aura l’audace de leur dire qu’ils ne pourront pas exploiter et valoriser leur savoir-faire appris dans nos lycées et dans nos centres de formation ?
 
Qui a le pouvoir de signer l’autorisation d’exploiter ces 166 ha au profit d’une seule personne alors que des centaines de jeunes piétinent devant la SAFER et ne pourront même pas bénéficier d’un ha de terre agricole pour s’installer ?
 
Que font les instances locales pour que les décisions prises le soient avec bon sens et équité ?
  • Nous ne pourrons pas demain dire que nous ne savions pas ! 
  • Nous ne pourrons pas admettre que nous avons formé des jeunes agriculteurs pour qu’ils aillent gonfler les statistiques du chômage ou au mieux « s’éx-îler » au Canada, en Australie ou en France pour y faire par défaut, des métiers pour lesquels ils n’ont pas été formés !
La CGPER est un syndicat de combat et de propositions, elle a fait et fera beaucoup de propositions pour l’avenir de nos filières et de nos agriculteurs.  
 
Mais elle n’hésitera pas à mener le combat pour que le plus grand nombre d’agriculteurs puissent être installés convenablement sur des surfaces agricoles viables !
 
Nous ne devrons pas nous étonner si, demain, ces jeunes descendent dans la rue et revendiquent haut et fort leur droit à bénéficier de terres agricoles disponibles et malheureusement mal distribuées ou mal attribuées !

 

Jean Michel MOUTAMA
Président de la CGPER

 

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