Au centre de l’immense Parc,
La boule de cuir prend ses marques.
Elle entend le vacarme assourdissant
Qui roule jusqu’à son centre avant.
La boule de cuir est fière
De déclencher une telle liesse,
C’est un peu une grande messe,
Un moment de joie, d’intime prière
Un de ses servants pose un pied, fier,
Sur son crâne de cuir fauve.
Un sifflet strident la sauve.
Projetée haut dans les airs,
Elle atterrit sur la tête d’un arrière,
Qui l’expédie sur un centre ailier
Aux pieds cramponnés et ailés.
Le bel oiseau déborde la défense,
C’est certain, il se dépense.
Sa course s’illumine de mille paillettes,
Tout le stade chavire de bonheur, c’est la fête!
La boule de cuir, maligne, glisse
Avec dextérité et surtout malice,
En finesse, jusqu’au centre d’un avant
Au crâne complice, qui l’attend.
Amorti, dribble! Pont! Frappe! Gooool!
La boule de cuir, épuisée, tannée, finit
Au fond du filet, roulée, boulée, épanouie.
La foule se lève, dans un immense brouhaha,
Elle entame une ondoyante « Ola ».
Prise dans les mailles de la cage,
La boule de cuir n’est pas prisonnière.
Elle se met à frissonner de plaisir.
Quel chaleureux et bel hommage
Rendu à son rondouillard talent,
Elle, que l’on voit bedonnante,
Elle sait être bondissante.
L’air lui manque, vite!
Remettez-moi en jeu.
Porté par le maître des vents,
Du terrain, je suis l’élu des Dieux.
Ainsi devisait, joyeux,
Un soir de grande finale,
Un ballon heureux.
Avouez que ce n’est pas banal!
D’être…
Cette boule de cuir si fière
De déclencher une telle liesse,
Qui est un peu une grand messe,
Un moment de joie, d’intime prière.