Plusieurs syndicats de la Banque de la Réunion appellent à la grève demain, un mouvement social qui risque d’être très suivi.
Les salariés protestent contre la disparition programmée de la Banque de la Réunion telle que nous la connaissons à la suite d’un rachat-fusion-absorption par la Caisse d’Epargne. Le nom de « Banque de la Réunion » notamment disparaitrait et serait remplacé par celui de CEPAC-R, le « R » étant censé représenter « la Réunion« …
Le 1er octobre dernier, le comité d’entreprise de la Banque de la Réunion a été convoqué en session extraordinaire pour se voir annoncer que la BPCE IOM (Banque populaire Caisse d’Epargne International et Outre Mer), la holding qui détient déjà 89% des actions de la Banque de la Réunion, allait lancer en fin d’année 2014 une OPA (offre publique d’achat) sur les 11% du capital restant. Exit donc tous les petits actionnaires qui ont fait de la BR ce qu’elle est aujourd’hui…
Dans le même temps, la BPCE IOM va racheter dans les mêmes conditions la totalité des parts de la Banque des Antilles Françaises et de celle de Saint-Pierre et Miquelon, de façon à transformer ces trois entités en filiales d’ici mai 2015. Et un an plus tard, ces banques fusionneront avec la CEPAC (Caisse d’Epargne Provence Alpes Corse), qui détient déjà la Caisse d’Epargne de la Réunion.
De facto, la Banque de la Réunion disparaitra juridiquement et il est envisagé qu’elle s’appelle dorénavant CEPAC-R…
Les syndicats ne sont pas contre le projet de rachat. Par contre, ils sont contre la fusion/absorption et entendent conserver le nom de Banque de la Réunion. Ils craignent également des suppressions d’emplois, ce qui tomberait mal dans le contexte de crise économique que connait notre île.
Le comité d’entreprise a commandé un audit à un expert, la SOCAFI. De son rapport, il ressort que la SOPAC-R risque de perdre beaucoup de clients car les Réunionnais sont attachés historiquement à cette banque qui porte leur nom.
La BR a été créée il y a 163 ans, en 1851, par Louis Napoléon Bonaparte et elle a marqué l’histoire de notre île. Par exemple, elle a été la première entreprise inscrite au registre du commerce et des sociétés et au 19ème siècle, elle avait été autorisée à frapper monnaie…
Les syndicats par ailleurs se battent contre la direction qui prétend qu’il ne s’agit que d’une « réorganisation » et non pas d’une fusion/absorption car, dans cette hypothèse, le projet devrait passer devant l’Autorité de la Concurrence, qui risque de voir d’un mauvais oeil une situation de position dominante. On se souvient que dans des projets de fusion/absorption comparables, comme pour le rachat de SFR récemment par Numéricable, cette haute autorité avait contraint Numéricable à céder des pans entiers d’activité pour éviter d’éventuels abus.