
Didier Migaud entouré de magistrats financiers

"Nous restons vigilants", témoigne cet après-midi Marie-Christine Tizon, première conseillère à la CRC de la Réunion mais aussi déléguée locale du Syndicat des juridictions financières (SJF). Mais la guerre n'est pas perdue.
Aux dernières nouvelles, un groupe de sénateurs a décidé de saisir le Conseil constitutionnel, non pas sur le fond mais sur la forme. Concrètement, les sénateurs de gauche qui vont alerter les Sages le feront sur le motif précis d'introduction d'un "cavalier législatif" dans le texte concerné. En clair, ils reprochent à la réforme des CRC le fait qu'elle ait été confondue dans un texte plus global sur la réforme de la justice.
Les termes choisis par les magistrats de ces institutions sont sans détour. Le texte est jugé comme un "fourre-tout" législatif. On y trouve d'ailleurs pêle-mêle des dispositions relatives aux tribunaux administratifs comme sur la procédure du plaider-coupable.
Sans être défaitiste, la déléguée syndicale locale concède que, si le motif de "cavalier législatif" est utilisé, "les Chambres régionales des comptes ont quand même un lien avec la justice". Pour l'heure, en l'état de la réforme des CRC, la Réunion serait épargnée. Mais le texte pose plus de questions qu'il ne répond aux doutes des magistrats financiers.
Un déséquilibre qui finira par atteindre la Réunion
Aujourd’hui, il y a 27 CRC en métropole et dans les DOM (une par région administrative). Le projet voté prévoit un maximum de 20 CRC. "On nous a promis, par oral, que les Chambres des DOM et de Corse ne bougeraient pas, mais même si nous ne sommes pas concernés, c'est l'institution elle-même qui se retrouvera devant des inégalités de traitement", juge Marie-Christine Tizon. "A moyen terme, je ne vois pas comment on ne pourrait pas être touchés", explique-t-elle. A 21 structures territoriales dans l'Hexagone exclusivement, ce nombre devrait descendre "à 14 !", insiste-t-elle. De ce chamboulement qui s'annonce, elle prévoit que la Réunion, comme les autres CRC des DOM, va être considérée comme un "confetti" dans une institution complètement démantelée.
Pour l'anecdote, et devant la mobilisation des sénateurs de gauche, l'histoire politique, pas à une contradiction près, retiendra la position prise par le Premier président de la Cour des comptes : Didier Migaud. Le numéro 1 de cette institution respectée et crainte des hommes politiques n'est autre qu'un ancien député… PS. Tout comme le gouvernement, Didier Migaud s'est prononcé pour ce resserrement du nombre des institutions financières.