Les débats ont été comme prévu animés ce jeudi pour la première plénière de l’année de la Région. Pour rappel, la collectivité régionale a annoncé hier une baisse de son budget primitif 2020 en nette diminution par rapport à 2019, qui s’élève à 810 millions d’euros. On note une baisse de recettes de près de 85 millions d’euros par rapport à 2019. Majorité et opposition se sont échangées coup pour coup tout au long de la matinée. En voici des extraits :
Aline Murin Hoarau (majorité) : « Malgré les contraintes budgétaires, le budget retenu permettra de manière plus sélective une politique de soutien et de diffusion artistique ainsi que l’emploi culturel. Au vu du contexte budgétaire, il conviendra de rechercher et réviser certains dispositifs d’aide en lien avec la compétence régionale et prioriser le partenariat et la mutualisation avec les autres acteurs financiers publics comme l’État ou le Département. La commission demande à ce que ces secteurs soient prioritaires en cas d’évolution budgétaire favorable en cours d’année. »
Huguette Bello (groupe d’opposition) : « Dans nos prévisions les plus pessimistes, on ne pensait pas que ce budget allait être amputé de 250 millions d’euros. Nous sommes revenus 10 ans en arrière avec 700 millions de budget total. Cela est significatif : c’est la première fois que la part investissements tombe en dessous des 50%. La Région, collectivité dont le rôle est d’investir, a donc perdu sa vocation première. Les investissements de 570 millions d’euros l’an dernier chutent de 180 millions, soit 390 millions euros pour cette section. C’est une sacrée claque pour l’économique réunionnaise qui n’avait pas besoin de cela, notamment au niveau du BTP où il y a plus de chômeurs que de travailleurs. Vous avez mis l’économie réunionnaise, les Réunionnais, au bord d’un gouffre. Vous avez tenté de bluffer tout le monde, toujours la fuite en avant et aujourd’hui c’est la Réunion qui paie l’addition comme la commune du Tampon qui a payé votre incompétence. Le secteur de l’enseignement et de la formation paie les pots cassés en perdant 45 millions d’euros en crédits de fonctionnement et 5 millions en investissements. C’est criminel de sacrifier la richesse des jeunes. »
Karine Nabénésa (groupe d’opposition) : « Nous sommes réunis aujourd’hui pour un moment de gravité. Le résultat d’un travail de sape mené pendant 10 ans. Après le Tampon, la Casud, voilà venu le tour de la Région. Maintenant la Région est à sec et vous avez décidé de prendre votre envol pour Saint-Denis. Vous allez pouvoir financer un ou deux rails, le port de Bois-rouge. « En veux-tu en voilà, l’opposition radote, je suis à vos côtés », dites-vous. Lors des orientations budgétaires, nous étions déjà en alerte. 258 millions en moins. La collectivité bascule en fonctionnement . En 2020, la part investissement est de 49%, soit un tiers de moins que le montant des investissements, soit 180 millions en moins. La dette a explosé de 108% entre 2015 et 2018. Sous votre mandature, la dette atteint 1,3 milliard d’euros, hors NRL, la part investissements a dégringolé et la collectivité est passée de 145 millions à à peine 40 millions d’épargne nette. Cette situation était prévisible. Si encore la situation pouvait s’expliquer par une mise en oeuvre de politique publique pour régler ces problèmes, ce n’est pas le cas. Ce n’est pas demain que les choses vont aller mieux. Personne ne vous croit. Le budget 2020 est la révélation de l’échec de votre gouvernance.
Ce budget est-il sincère ? Où allez-vous trouver les millions supplémentaires ? Après avoir fait la cigale pendant des années, vous criez au loup. Que le contexte budgétaire de la Région soit contraint, c’était prévisible, c’est pareil pour tout le monde. Il s’agit d’un budget tyrannique, un budget de casse sociale, un budget anti-social, bref anti-réunionnais. je demande une suspension de séance pour rencontrer les acteurs de la culture. Faites-le immédiatement. »
Olivier Hoarau (groupe d’opposition) : « Je suis effaré à la lecture de ce budget. Je demande aux élus de revoir ce budget pour donner plus de priorité sur l’apprentissage, la formation, l’emploi, la culture. Pourquoi ne pas diminuer les crédits alloués à la continuité territoriale ? Si vous avez peur de diminuer ces crédits de la continuité, vous pouvez dire que c’est moi, je suis prêt à en assumer la responsabilité monsieur le président. »
À 14H, l’assemblée plénière se poursuivait :
À 14H30 Le budget primitif a été adopté