

Jérome Imazoute est délégué syndical CFDT à Air Austral, la CFDT étant de loin le premier syndicat au sein de l'entreprise. C'est à ce titre qu'il a été l'un des principaux artisans de la bataille qui a opposé les syndicats à Gérard Ethève, dans le but d'obtenir un audit des comptes de la société. Combat provisoirement gagné.
On comprend donc que Gérard Ethève ait eu quelques bonnes raisons de vouloir se débarrasser de cet empêcheur de tourner en rond.
Le PDG d'Air Austral a cru que l'occasion se présentait enfin quand il a appris, le 17 septembre dernier, que Jérôme Imazoute venait d'être condamné par le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour escroquerie simple à l’assurance. Le syndicaliste a fait appel de la décision et est actuellement dans l’attente d’un second procès.
Gérard Ethève saute sur l'occasion et, dans les jours qui suivent, prend prétexte que la Police de l'air et des frontière ait retiré son badge d'accès à la piste à Jérome Imazoute, pour engager une procédure de licenciement contre le responsable syndical. Malgré le fait que, tant que Jérome Imazoute n'ait pas été jugé en appel, il est toujours présumé innocent. Et que le Conseil d'État ait, à plusieurs reprises, jugé qu'un retrait de badge n'impliquait pas forcément un licenciement.
Sans perdre de temps, Gérard Ethève envoie à l'inspection du Travail une demande d'autorisation de licenciement, Jérome Imazoute étant protégé du fait de son statut de syndicaliste. Et la réponse est arrivée ce matin : L'inspection du Travail refuse ce licenciement au motif "que le retrait d'habilitation par une autorité publique ne constitue pas un événement imprévisible ni irrésistible puisque, eu égard notamment à l'ancienneté du salarié, la société Air Austral employant plus de 800 salariés pourrait chercher des solutions de reclassement ou de mise en formation pour proposer à l'intéressé un poste de travail en zone non réservée".
Et l'inspecteur du Travail de conclure que, selon lui, "la diligence mise par la société Air Austral pour rompre le contrat de travail de M. Imazoute, sans avoir épuisé les possibilités de reclassement ou de formation, est de nature à établir un lien entre le mandat exercé et la demande de licenciement". D'où le rejet de la demande de licenciement, en raison également "de son activité syndicale et de son implication dans la demande du Comité d'entreprise de recourir à un expert pour examiner les comptes de la société".
On ne peut être plus clair : Selon l'inspecteur du Travail, Gérard Ethève a cherché à licencier celui qui avait osé lui tenir tête en demandant un audit des comptes d'Air Austral.
Connaissant les pratiques du PDG de la compagnie régionale, nul doute qu'il épuisera toutes les voies de recours : Ministère du Travail ou encore tribunal administratif, pour tenter d'arriver à son but. Jérôme Imazoute n'est pas au bout de son combat...