Cette histoire débute au mois de décembre 2005. “Mon voisin a commencé les travaux pour ce que je pensais être un mur”. Mais au mois de mars 2006, Juliette Pavard constate que ce qui devait être une clôture, ressemble de plus en plus à une façade de maison.
“J’ai alors été à la mairie, pour voir si le permis de construire était affiché comme ça avait été le cas pour moi, lorsque j’ai refait ma maison en 2004”. Juliette Pavard découvre qu’aucun permis de construire, non seulement n’a été publié, mais n’a été demandé pour ces travaux.
L’ancienne assistante sociale alerte la municipalité de l’époque. “A plusieurs reprises, j’ai prévenu la mairie dirigée alors par René-Paul Victoria de cette construction illégale”. En vain. La “caisse” de la case prend forme.
Au mois d’avril, la Dionysienne met la presse au courant de la situation. “Bizarrement, c’est là qu’un arrêté interruptif des travaux, a été pris”. Cette interruption dure huit mois. “Leur demande de permis de construire a été refusée à deux reprises”.
La troisième tentative est la bonne. “Dominique Fournel, alors second adjoint de Victoria, a signé le document le 27 décembre 2006. Mais, il n’y a eu aucune sanction pour construction illégale. Ce qui a été bâti aurait dû être détruit”.
Pire, les travaux reprennent là où ils s’étaient arrêtés huit mois auparavant. C’est une irrégularité de plus et surtout une injure à la vision que Juliette Pavard se fait de la justice.
Cette justice en laquelle, elle croit de moins en moins, la retraitée ne cesse de la solliciter, surtout à partir de mars 2007, à son retour à La Réunion. “J’ai déposé une requête en annulation du permis de construire. Elle a été rejetée. J’en ai déposé une deuxième, j’ai été également déboutée”.
Depuis, Juliette Pavard poursuit sa croisade contre ce “passe-droit, les magouilles et les pouvoirs qui les cautionnent. J’ai interpellé René-Paul Victoria, lors d’un conseil municipal. La police municipale m’a mise dehors”.
Elle frappe à toutes les portes, et multiplie les sollicitations. “J’ai écrit au préfet et au procureur général”. Elle a transformé une chambre de sa maison en bureau.
Les nombreux dossiers y sont bien classés et rangés. Celle qui n’a aucune raison d’avoir “peur de la justice”, n’est pas prête de déposer les armes. “J’ai acheté un fusil au cas où”.
L’ex-assistante sociale a déjà lutté quatre jours pour expulser les maçons, obligés de rentrer dans sa cour pour terminer la maison. “Si la police municipale n’a rien fait pour les expulser de chez moi, un lieutenant de la police nationale a fait son travail”.
Sauf que selon la loi de la mitoyenneté, ce texte autorise à entrer chez le voisin pour terminer les travaux de BTP. “Il n’en est pas question”. Assignée au tribunal pour ce refus, la septuagénaire attend l’audience avec sérénité.
Il est vrai que l’expertise judiciaire de la semaine dernière a découvert des irrégularités, tant dans une des procédures de demande de permis de construire, qu’au niveau de la maison en phase de finition.
“Si mon voisin avait fait une demande de permis de construire selon la réglementation, tout cela ne serait pas arrivé. La loi est la même pour tout le monde”.
Citoyens, soyez prudents désormais, il y a peut-être une Juliette Pavard, dans votre voisinage.
Quelques fois, c’est réconfortant.