Interpellé de toutes parts par des occasions en or et des soldes de plus en plus affriolantes, le consommateur veut à tout prix profiter des ces petits plaisirs. Craquer sur un coup de tête, ça arrive mais devenir un drogué de la dépense, c’est autre chose.
Or, notre société de consommation ne nous aide pas beaucoup. Le consommateur est pris dans un raisonnement de manque et de besoin.
Difficile de quantifier le nombre d’acheteurs compulsifs. Plus facile toutefois de les repérer. Ils prennent beaucoup de plaisir à vagabonder entre les commerces, à se laisser aller au « lèche-vitrine« .
Mais cela devient très contraignant pour eux quand ils n’arrivent plus à dire non à des achats insensés et impulsifs, incapable de maîtriser leur pulsion d’achat à l’instar d’un joueur, d’un alcoolique ou d’un toxicomane.
Marie, 26 ans, est commerciale à Saint-Denis depuis trois mois. Elle fait du porte à porte pour vendre des sous-vêtements. Marie le dit, « je gagne bien ma vie » mais en ajoutant « parfois aux dépens des autres« .
C’est notamment avec l’une de ses clientes qu’elle s’est rendue compte qu’il y avait un souci. « C’est une cliente fidèle. Je reviens la voir souvent à sa demande mais le jour où j’ai découvert tous les achats des dernières semaines encore emballés dans un coin d’une pièce, je me suis dit qu’il y avait un problème« .
Conscients de la tournure que prennent les événements, c’est souvent avec un sentiment d’échec, déprimés, que les acheteurs compulsifs se retrouvent après avoir dépensé leur argent.
Ils sont plus nombreux chez les jeunes, chez les gens avec des revenus faibles et ce phénomène touche plus les femmes que les hommes.
« Ma meilleure vente s’est élevée à plus de 3.000 euros. Désormais, disons que j’y pense à chaque fois que je fais de bonnes affaires. J’ai beaucoup culpabilisé un temps, mais il m’est impossible d’intervenir« , explique Marie qui, dans le doute, préfère ne pas solliciter certaines de ses clientes pour acheter de nouveaux sous-vêtements.
Les hommes auraient plus tendance à acheter des CD, des livres, des outils, des gadgets, du matériel informatique et des caméras ou à devenir dépendants des ventes aux enchères, alors que les femmes achètent des vêtements, du maquillage, des articles pour la maison et des bijoux.
Souvent un épisode passager douloureux est l’élément déstabilisateur. Créant un vide émotionnel, il entraine une envie boulimique de combler le mal. Si la forme de surconsommation est chronique, elle nécessite alors une thérapie. L’origine du mal-être de ces acheteurs est souvent enfouie dans leur enfance ou leur adolescence.
Tel un cercle vicieux, ce besoin d’acheter se termine dans l’excès, dans l’endettement et, angoissé, l’acheteur compulsif va essuyer ses larmes en allant s’offrir un autre petit quelque chose…