Chapitre 7 :
Au 113 d’un trois pièces, au troisième étage d’un immeuble rénové de la rue du « Vieux Marché », Charlotte sourit.
De la salle à manger on découvre le bazar. Son vaste toit rotonde en fonte s’étale comme un chapeau chinois.
(…)
En contournant la place, au rez-de-chaussée d’un immeuble à la devanture rouge et or, le restaurant « Chez Fanfan » dégage en permanence une odeur de fritures. « Chez Fanfan », à l’heure où certains se réveillent, d’autres avalent un rougail-saucisses-riz-chauffé. D’autres encore, sans discrétion, calent une rasade de rhum blanc.
(…)
A quelques mètres de l’appartement, côté chambre, accosté à une résidence haut-standing, un immeuble inachevé abrite une vingtaine de femmes seules avec une ribambelle d’enfants.
– La Cité Femmes Seules…
(…)
– Qu’est-ce que tu as à toujours regarder dehors ? Qu’est-ce que tu trouves à ces enfants malpropres ? A ces femmes qui ammènent la vie ?
Chapitre 8 :
Dimanche des Rameaux. Dimanche de Pâques… Fête des Mères. Fête des Pères… Noël. Jour de l’an… Anniversaires. Tous les anniversaires !
Cinquante-deux dimanches employés, toutes les fêtes religieuses réservées.
Au nom de la famille.
A l’exception de la commerciale Saint-Valentin.
Au nom de l’amour !
Exception aussi du bien heureux premier mai, la fête des travailleurs.
Parce que c’est comme ça.
(…)
Tous les dimanches et jours de fêtes que Dieu fait, depuis le début de l’année, les employées de la meilleure pâtisserie de la ville ont pris l’habitude de saluer un jeune couple aux allures amoureuses.
Chapitre 9 :
– Hum… Notre banc est occupé.
– Toute une famille !
– Noire comme jamblon.
– Le papa… nervi communiste…
Ces mots, margrognés entre des lèvres à peine desserrées, fusent sous les essais de voix de la chorale.
Léone et Jules, comme tous les dimanches de Pâques et autres fêtes religieuses qu’ils estiment importantes, pénètrent dans la grande-église-en-ville, en bande.
(…)
– Comment tu as fait pour être professeur ?
Dans le souci de réconcilier la tablée avec une ambiance fête de Pâques (…) Charlotte donne, en plaisantant, une explication qu’elle pensait convenir à une famille catholique pratiquante.
– J’ai prié la Vierge Noire !