Mélina Boughedir. Vous n’aviez sans doute jamais entendu ce nom. Depuis dimanche, il est à la une de tous les journaux. Vous savez, il s’agit de cette Française de 27 ans, mère de quatre enfants, qui a été condamnée dimanche à la prison à vie par un tribunal irakien pour appartenance à l’Etat islamique. En fait, selon le code pénal irakien, à 20 ans de prison.
Venons-en maintenant au fond du sujet qui alimente la polémique en France depuis deux jours. Ses avocats français contestent tout d’abord la façon non démocratique selon laquelle elle aurait été jugée. Il est vrai que son affaire a été vite expédiée et qu’après deux ou trois questions, le verdict est tombé. Soit. Force est de reconnaitre que ce n’est pas ainsi que l’on rend le droit en France. Mais ai-je envie de dire, personne ne l’a forcée à aller en Irak. Elle a choisi d’y suivre son mari, qu’elle en assume aujourd’hui les conséquences.
Mais surtout, le rôle de Mélina Boughedir en Irak est loin d’être clair. Comme toutes les djihadistes françaises arrêtées, elle se présente comme une oie blanche, parfaitement innocente, qui aurait été trompée par son mari. Or, durant toute l’enquête, elle n’a eu de cesse de le protéger en le décrivant comme un simple cuisinier qui n’aurait jamais combattu. Alors que, de leur côté, les services spécialisés français et irakiens sont certains qu’il était tireur d’élite dans une des unités de l’Etat islamique.
Autre élément qui a joué contre Mélina Boughedir : Lors de son arrestation, elle a été trouvée en possession du téléphone portable de son époux, avec en mémoire des coordonnées GPS actualisées des positions de combat de l’armée irakienne. Il y avait également à l’intérieur des photos de djihadistes, qu’elle a refusé d’identifier au cours de ses interrogatoires. Enfin, elle avait effacé l’ensemble des données exploitables de son propre téléphone. De quoi faire douter sérieusement du fait qu’elle soit aussi innocente qu’elle le prétend.
Il faut savoir également que les enquêteurs irakiens suspectent fortement Mélina Boughédir d’avoir été membre des brigades féminines de la police des mœurs dont le rôle était d’emprisonner les femmes accusées de ne pas respecter les strictes règles vestimentaires imposées par Daech.
Enfin, il y a les témoignages des officiers irakiens qui l’ont arrêtée. Pendant le trajet après son arrestation, elle n’a eu de cesse de rappeler son allégeance à Daech et de leur reprocher les bombardements… Bref, elle assumait complètement.
C’est cette femme que ses avocats et certains médias, je pense en particulier à Libération, essaient de nous présenter comme une victime. Mon inquiétude réside plutôt ailleurs. Que vont devenir ses trois enfants qui ont été rapatriés en France au mois de décembre dernier ? Ils ont vécu en Irak au milieu des combattants de Daesh, ils ont été endoctrinés, ils ont été témoins des pires atrocités. Ils ont sans doute vu des gens se faire tuer devant eux, peut-être même ont-ils assisté à des décapitations qui étaient choses courantes.
Comment vont-ils être accompagnés et soignés en France ? Car c’est bien de soins dont ils ont besoin pour les désintoxiquer. Et quelle certitude avons-nous que nous n’avons pas affaire à de véritables bombes à retardement qui nous exploseront à la figure, dans quelques années ?