Une femme est morte lundi après-midi au Chaudron. Victime de coups de couteau portés par son compagnon.
Une de plus. La troisième depuis le début de l’année. Une de trop.
J’ai conscience en disant cela d’enfoncer une porte ouverte. A chaque nouveau drame, on dit la même chose. Ce sont toujours les mêmes regrets, les mêmes interrogations : « Quand est-ce que les hommes comprendront qu’une femme ne leur appartient pas ? Qu’on n’a pas le droit de lever la main sur une femme ? Qu’une femme est libre de vivre sa vie comme elle l’entend, avec qui elle veut »…
Dans quelques jours, il y aura une énième marche blanche avec, j’imagine, les traditionnels lâchers de ballons. Et on se quittera en se donnant rendez-vous à la prochaine…
Lundi, au Chaudron, une femme est morte. C’est le comble de ce qui peut arriver. Mais personne ne parle des centaines, des milliers peut-être de femmes qui vivent tous les jours avec une boule de peur dans le ventre. Peur que leur homme ne rentre du travail, ou de la boutique, complètement saoul, et qu’il ne se serve d’elle comme d’un pushing ball. Pour évacuer ses frustrations peut-être. D’être au chômage, de ne pas avoir réussi comme il l’aurait souhaité. Ou tout simplement pour reproduire ce qu’il a vu son père faire sur sa mère…
Et que, comble de l’horreur, qu’il ne s’en prenne aux enfants.
Et il n’y a pas de milieu social de prédilection pour ça. Ca touche toutes les catégories sociales, le chômeur comme le chef d’entreprise. L’alcoolique comme celui qui ne boit pas. D’ailleurs, l’homme qui a tué sa femme lundi au Chaudron ne fumait pas, ne buvait pas, ne se droguait pas…
Mais ils ont tous un point commun : une jalousie maladive. Au point d’en venir à penser que leur femme est leur chose, de ne pas supporter le regard d’un autre homme sur elle, ou qu’elle puisse ne serait-ce que sourire à quelqu’un.
Et ce n’est pas propre au Réunionnais, même si on dit souvent que le Créole est macho. Allez en métropole et vous verrez qu’on y trouve les mêmes travers.
Alors que faire ? Eduquer, éduquer et encore éduquer… Tout se joue au niveau de l’enfance. Un enfant qui voit son père frapper sa mère aura tendance à reproduire le même schéma.
Ensuite, lutter contre l’alcoolisme. Même si le meurtrier de lundi était un non-buveur, force est de constater que l’alcool est souvent présent et permet le passage à l’acte par la levée des tabous.
Et là, on peut dire que ce n’est pas gagné d’avance. Je suis scandalisé quand je vois des grandes surfaces acheter de pleines pages de publicité dans la presse écrite pour vanter les rabais qu’ils font sur le whisky. Et quand j’apprends que le conseil départemental diminue ses subventions aux associations luttant contre l’alcoolisme.
Comme pour le tabac, augmentons de 30, 40, voire 50% le prix de l’alcool. Il n’est pas normal qu’un litre de rhum coûte moins cher que certains jus de fruit ! Et c’est bizarre, cette proposition, je n’entends jamais Monique Orphé, qui s’exprime souvent sur le sujet, l’évoquer.
Tant qu’on n’attaquera pas le mal à la racine, ne nous étonnons-pas des drames qui continueront à se produire…