Le 28 février 2012, Jean-François Moser démissionnait de la présidence du Conseil de l’Ecole d’ingénieurs de la Réunion. Un an plus tard, presque jour pour jour, le 2 février dernier, Danièle Lenormand, qui lui avait succédé, rend à son tour son tablier après 10 mois passés à la tête de l’ESIROI.
Nous publions ci-contre le mail (cliquer sur l’image pour le lire) qu’elle a envoyé à tous ses collègues du Conseil d’école. Même si elle reste très mesurée dans ses propos, on comprend bien, derrière la formulation très diplomatique, qu’elle est en total désaccord avec la manière dont l’école est gérée par Kalid Ali, le directeur de l’école, un très proche de Mohamed Rochdi qui le protège quoiqu’il fasse. Pour elle, ce n’est pas la qualité des jeunes qui pose problème. Ils « seront bien les ingénieurs dont nos entreprises ont et auront besoin », à condition qu’ils soient « formés, encadrés et poussés avec ambition en recherchant avant tout leur reconnaissance et leur intégration professionnelle« . Non, le problème vient plutôt de l’école elle même, et de ceux qui la dirigent, selon des critères qui ne répondent pas à ses « valeurs » et à ses « exigences« …
Sans président de Conseil d’école, les Ecoles supérieures professionnalisantes sont condamnées à la mort certaine. Pourquoi ? Parce que ces Conseils d’école ont un rôle éminent dans la politique de l’établissement, et coucourrent à sa notoriété, sa reconnaissance par les milieux professionnels, et dans le cas d’une école d’ingénieurs dans le recrutement des diplômés. Le Président de ce Conseil est « l’ambassadeur » de l’Ecole auprés du monde économique, il amène à l’Ecole un carnet d’adresses pour son fonctionnement, des opportunités de stages, des soutiens financiers et une garantie de recrutement des diplômés. S’attaquer à ce système est proprement suicidaire pour une Ecole Supérieure professionnalisante…
Un courrier sans complaisance…
Pour mieux comprendre les enjeux de ce qui se passe actuellement au sein de l’ESIROI, sans langue de bois, il faut peut-être alors se tourner vers un courrier envoyé le 4 février dernier, soit deux jours après la démission de Danièle Lenormand, par Laurent Dufossé, un autre membre du Conseil d’école, à ses collègues. Le moins qu’on puisse dire est qu’il ne mâche pas ses mots. Déjà le titre sonne comme une condamnation : « Mettre un terme à cette lâcheté collective« …
Personne n’échappe à la colère de Laurent Dufossé : le président de l’université, Mohamed Rochdi, est accusé de « complicité » dans l’instauration d’un « système mafieux« . Il dénonce la « lâcheté » de certains personnels de l’école, dont certains sont même qualifiés d' »incapables« , dont le seul objectif est « de se maintenir en place ». Et pour faire bonne mesure, les socio-professionnels et les écoles partenaires en prennent également pour leur grade, coupables selon le professeur de passivité.
Et pour faire bonne mesure, Laurent Dufossé ne se ménage pas. Il reconnait sa propre « lâcheté » d’avoir laissé faire, sans réagir, préférant se réfugier dans la recherche académique.
En conclusion, il lance un appel à « toutes les personnes honnêtes et de bonne volonté« .
Laurent Dufossé n’est pas n’importe qui. C’est un professeur très impliqué dès le départ dans la mise sur les rails de cette Ecole. Il a même été le premier professeur recruté pour la diriger. Il dénonce depuis plusieurs années le système mafieux mis en place à l’ESIROI par Mohamed Rochdi et dénonce les complicités internes et externes qui permettent à ce système de perdurer.
Enfin, il n’a pas pris parti lors des dernières élections à la présidence de l’université, ce qui fait qu’on ne peut l’accuser d’être un sous-marin de Philippe Jean-Pierre…
Pour toute réponse, au lieu de se poser des questions sur les raisons de ces multiples démissions et de ces dysfonctionnements avérés dans une école placée sous sa responsabilité, Mohamed Rochdi, le président de l’Université, s’est contenté d’interpeler Laurent Dufossé dans un mail du 4 février, dans lequel il dénonce des propos « inadmissibles, inacceptables et indignes d’un universitaire vis-à-vis de ses collègues, des partenaires de l’Ecole et des élèves-ingénieurs et d’un fonctionnaire vis-à-vis de sa hiérarchie« .
Pendant ce temps là, « cabri i continué mange salade« …