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L’avant-deux et le maloya

Au XVIIe siècle, monsieur le curé n’aimait pas les comédiens : ces gens-là étaient des démons habillés de chair; et son cimetière n’était pas pour eux. Molière avait tout de même fait des pieds et des mains, si j’ose dire, pour avoir droit à être enterré en terre sacrée, et il le fut, grâce à […]

Ecrit par gerard.jeanneau@laposte.net – le vendredi 16 octobre 2009 à 23H12

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Au XVIIe siècle, monsieur le curé n’aimait pas les comédiens : ces gens-là étaient des démons habillés de chair; et son cimetière n’était pas pour eux. Molière avait tout de même fait des pieds et des mains, si j’ose dire, pour avoir droit à être enterré en terre sacrée, et il le fut, grâce à l’intervention du roi, mais tard le soir et sans cérémonie religieuse!

Au XXe siècle, c’est la danse qui était dans le collimateur de monsieur le curé. L’avant-deux de Vendée et de toute la région était la danse de ceux qui pactisaient avec le diable. Impossible de danser sous les fenêtres d’un presbytère. Les brebis dansantes et forcément galeuses étaient comme vouées aux gémonies. Lors du sermon, on pouvait être durement sermonné. Pour ne pas contrarier le bon pasteur et pour le laisser paisiblement à ses convictions mal partagées, on dansait l’avant-deux dans des fermes perdues, dans des granges, en cachette, tout comme on dansait le maloya, loin des maîtres qu’on aurait pu effaroucher!

Deux danses victimes à peu près des mêmes tribulations! Un soir, dans mon village natal de la Courtinière, village de cinq ou six feux, à Saint-Amand-sur-Sèvre, on avait organisé un petit bal avec, au menu, l’inévitable avant-deux. J’avais six ou sept ans. L’ambiance était admirable! Pas de diable qui trottait dans mon esprit, pas non plus chez les danseurs, tout à la joie de nous trouver tous dans la grange de récréation! Mais voilà qu’entre subitement, une vieille dame d’un village voisin, armée d’un bâton. Silence de mort! L’avant-deux brisé tout net! Et de sa grosse voix, elle oblige ses deux grands marmailles d’une trentaine d’années à la suivre et à rentrer au bercail! Sitôt dit, sitôt fait! Et chacun retourna chez soi, tout triste, tout pitoyable. Depuis ce soir-là, la brave dame a gagné un petit nom gâté : Chasse-bal.

Malgré toutes sortes de péripéties, l’avant-deux a continué à faire son bonhomme de chemin. Bien sûr, les jeunes, habitués des salles de danse, n’ont d’yeux et d’oreilles que pour les danses modernes. Mais des Associations veillent au grain : l’avant-deux est dansé ici et là avec la même ambiance que j’ai connue dans mon enfance. Cette danse est en particulier bel et bien ressuscitée dans une pauvre grange, dépendance du Puy du Fou. Aucun problème : elle fait partie définitivement du patrimoine immatériel de la Vendée. C’est suffisant. Inutile de l’inscrire à l’Unesco! Démarches, après tout, possibles si vraiment on tient à contempler son nombril et à le caresser affectueusement, encore et encore. Et pas de MCUR pour l’avant-deux! Les ruines du Puy du Fou sont les gardiennes farouches de mon passé vendéen!

Petite conclusion qui va de soi! On peut faire du bon culturel à peu de frais! On peut en faire sans le clamer sur tous les toits, comme on le ferait si on voulait se donner une importance démesurée! Qu’en pense la princesse de la MCUR virtuelle, Françoise Vergès qui, avec son bon papa, veille à la dépense autrement qu’on ne le fait au Puy du Fou?

Gérard Jeanneau, qui a fréquenté l’école primaire en sabots de bois sous l’occupation allemande

 

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