Nous avons décidément ici de sacrés créateurs, maniant le crayon et le scénario avec un art digne d’éloges. Il y a eu « La grippe coloniale », « Les chroniques du Léopard » et tant d’autres. Là je tombe sur une petite pépite, dont l’histoire se déroule avant, pendant et après cette sale boucherie que fut la 1è Guerre mondiale…
Cela commence dans les hauteurs de Langevin, chez une modeste famille de Grand-Galet, famille pauvre mais dont les membres s’arrangent pour être heureux quand même. Travaux des champs, difficultés à trouver des sous… La guerre arrive là-dessus et le papa se voit appelé au front. La suite, je ne vous la raconte pas : vous la découvrirez vous-même car cet album mérite vraiment que l’on s’y arrête.
Ce qui surprend, c’est le souci du détail, aussi bien dans le trait (ligne claire) que dans les événements. On sent que les auteurs se sont livrés à une recherche fouillée pour nous restituer une région saint-joséphoise authentique.
Les rues et les maisons sont restituées telles qu’elles étaient alors. Les personnes sont rendues avec un soin particulier, de même que les lieux : la vieille mairie de Saint-Jo, alors, était bel et bien située de l’autre côté de la route, derrière la boutique Madame Ah-Peng. Le maire de Saint-Jo se préoccupait plus de son commerce de tissus que de ses concitoyens.
Les images liées à la guerre sont parfois difficilement soutenables mais les auteurs n’ont pas voulu tricher avec une sordide réalité. Leurs recherches historiques nous replongent au coeur d’événements réels, comme le torpillage du Yarra par les U-boot. Il y est même question d’un certain Vitry… qui n’était autre que le frère de mon Pépé Justinien. Ce dernier nous en avait longuement parlé à l’époque du Mémorial : il avait conservé la lettre de son frère, expliquant avec de chaudes larmes comment il avait été un des rares rescapés.
Travail, amitiés, amours, histoires et Histoire, malices et compagnies.
Cette BD a largement sa place dans votre bibliothèque.
Jules Bénard
« L’autre côté la mer »
Gauvin, Pécontal et D’Eurveilher;