Comme toi, dans ton château
Antique, isolé du monde,
Défiant l’ample Gironde
Où défilaient les bateaux,
Je voulais briser l’étau
De cette infernale ronde,
De cette lie inféconde,
Braver un monde nouveau,
Pour voir ton amour lointain
Au pays du Sarrazin,
Tu fis un très long voyage
Sur les mers et les chemins.
Tu mourus sur le rivage
Sans voir ton amour lointain.
Ton rêve, toujours fascine
Le filou, le pèlerin.
Pour ce bel amour lointain
Dans sa douceur opaline.
Que l’on croie ou imagine,
Que l’on soit moine ou gredin,
Cet espoir d’amour lointain
Au fond de tout cœur, chemine.
La vision de ta Princesse
Au milieu de ta tristesse
Te redonnait de l’espoir.
Plus vaillant qu’un paladin
Parmi les brumes du soir
Brillait ton amour lointain.
Sous les murs de Tripoli
Royaume de ta Princesse
Et source de ta tristesse,
Te voilà, très affaibli
Sur la route de l’oubli,
Soudain un chant d’allégresse,
Une vague de caresse
Autour de ton front pali
Surgirent dans le matin.
Tu vis ton amour lointain
D’une démarche irréelle
Venir te tendre la main
Et d’une étreinte éternelle
Sceller ton amour lointain !
Max Fauvette
16 mars 2009
JAUFRE RUDEL (1125 – 1148) Prince de Blaye
Prit part à la deuxième croisade sous Louis VII, au cours de laquelle il trouva la mort. Troubadour, il écrivit une « canso » où il célébrait son amour lointain pour une Princesse de Tripoli (Terre Sainte). D’après la légende, il fut amoureux de cette Princesse lointaine sans la connaître. Il n’avait que son portrait. Il se croisa donc et en pèlerin mourut sous les murailles de Tripoli au moment de rencontrer cette qu’il aimait.