Comme l’explique le Dr Lamblin, le SAF n’est pas qu’un problème de santé publique . « On est au centre d’une problématique qui ne concerne plus uniquement le domaine de la santé, mais la société dans son ensemble. Le politique, la population, tous les décideurs doivent s’unir. Nous sommes ravis de voir que des collectivités, mais aussi d’autres associations nous rejoignent pour ce Safthon 2019 », se félicite la cheville ouvrière de ce mouvement.
Des évènements organisés tout au long du mois de septembre
Des évènements seront organisés tout au long du mois de septembre, mois dédié à la lutte contre l’alcoolisation foetale. Le point d’orgue de la manifestation aura lieu le dimanche 8 septembre avec plusieurs pique-niques familiaux à l’Entre-Deux, à Saint-Philippe, à Saint-Joseph, à Saint-Louis ou encore à Saint-Denis. « Nos séquences seront relayées par 12 communes de l’île et l’an prochain, nous espérons que la totalité des communes participeront au Safthon », souhaite le Dr Lamblin.
Face au « tabou » qui règne encore dans notre société concernant l’alcoolisation foetale, le spécialiste insiste pour ne pas mettre de côté les mères de famille, « souvent les premières victimes du SAF ». « Nous nous devons d’aller vers les femmes à risques et leur donner un terrain d’expression pour leur permettre ensuite de parler de leur consommation », martèle le Dr Lamblin.
Il y a aujourd’hui à La Réunion près de 7.000 femmes qui consomment quotidiennement de l’alcool chez elles. Des femmes qui peuvent être enceintes, d’où l’importance de ne pas les marginaliser insiste le médecin. « Dans un bon nombre de cas, elles ne diront pas qu’elles ont bu pendant leur grossesse et on ne saura pas que leur enfant, sauf pour les formes les plus graves, sera atteint du SAF. Cette expression des conséquences va se voir à l’école ou plus tard dans leur incapacité à respecter les règles sociales », explique-t-il.
« On se doit de développer cette stratégie parce que l’alcoolisation foetale, c’est un échec de notre société. Il faut savoir que c’est un cul-de-sac qu’on donne aux familles qui reproduisent malheureusement ce schéma de génération en génération. C’est la triple peine pour ces mamans. Très souvent, on leur retire leur enfant et le seul moyen pour elles de survivre c’est de refaire un autre enfant, qui dans bien des cas sera malheureusement handicapé. On a bien souvent face à nous des femmes qui ne peuvent pas parler parce qu’on les juge, qui ne peuvent pas être aidées et qui se sentent honteuses de mettre au monde un enfant qu’elles aiment, mais avec un handicap », ajoute le Dr. Lamblin.
Les expérimentations réalisées dans l’île reprises dans 11 régions françaises
Pour le spécialiste, La Réunion « peut être fière », car les expérimentations réalisées dans l’île depuis plusieurs années sont reprises dans 11 régions françaises, mais aussi et surtout dans 30 pays du monde entier. « Je pense que notre mouvement va porter beaucoup plus loin c’est-à-dire que La Réunion, de par sa population, devient ambassadrice d’une cause évitable de handicap. Nous avons comme vaccin la solidarité », se félicite-t-il.
L’action que souhaite financer l’association portera sur quatre thématiques, à commencer par la préservation des jeunes. « Les enfants, dans les collèges, on va tous aller les voir, accompagnées de mères de famille qui viendront témoigner de leurs histoires pour qu’ils prennent conscience que ce n’est pas de la faute des mamans, mais de la faute de notre société. En cinq ans, on aura vu à peu près 100 000 jeunes et on peut penser qu’avec cet accent mis dans les collèges, ceux-là (les collégiens, ndlr), auront toutes les informations nécessaires pour éviter qu’ils aient des grossesses alcoolisées ».
Le deuxième point d’ancrage sur lequel le Dr Lamblin souhaite mettre l’accent est la lutte contre l’isolement des femmes en difficultés avec l’alcool. « Nous l’avons déjà fait par le passé au sein de l’association RéuniSaf qui avait produit des effets considérables puisque 3/4 des femmes avaient arrêté de s’alcooliser. Nous allons reproduire ce modèle et mettre en place des ateliers dans lesquels les mamans se sentiront valorisées pour mieux s’exprimer. L’expression par ces mamans c’est quelque chose qui leur permet d’aller tout de suite mieux. »
Enfin, avec l’argent des dons, le comité Safthon souhaite au bout des cinq années de pérennisation de la manifestation « aller hors des frontières de la France » et l’étendre à d’autres pays « et montrer que La Réunion rayonne par une action humanitaire unique ». « En trois ans, atteindre déjà 30 pays c’était inimaginable: ça montre bien que ça interpelle la population du monde entier et que la solution est en grande partie à La Réunion ».