Florent C. est sans domicile fixe. Il sait un peu lire et écrire en français, indique t-il au tribunal. Il lui est reproché deux faits de violence à Saint-Denis. Une ITT de 3 jours avec usage d’une arme, en l’espèce un ciseau, sur une première victime et 1 jour d’ITT sur une deuxième victime, mineure. Comme la procédure l’y autorise, il ne sait pas s’il veut être jugé aujourd’hui. Me Louis Ropars, qui assure sa défense, demande une nouvelle expertise psychiatrique.
Lors de sa garde à vue, le prévenu a d’ailleurs indiqué à l’expert psychiatre : « je n’étais pas dans mon état normal. Je voulais me défendre mais ne sais pas contre qui. On m’a dit que j’étais schizophrène mais je ne prends mon traitement depuis 3 mois ». La procureure de la République est par ailleurs favorable à une seconde expertise afin « d’appréhender au mieux la personnalité de Monsieur ». Me Chassard, avocate de la partie civile, indique au tribunal pour sa part que « l’expert dit bien qu’il y a un trouble de la personnalité mais qui n’a pas altéré son discernement ! ».
Déjà une agression vis-à-vis d’un agent de la CAF
Lors de la garde à vue, le prévenu avait reconnu les faits. Son casier judiciaire fait état de trois mentions et deux condamnations (2011 et 2012) dont des violences sur ascendant. Il est suivi dans le cadre d’un sursis probatoire depuis avril 2021 pour violences sur un agent de la CAF. Ce jour-là, il était énervé parce qu’on lui a refusé une place en foyer. Ses parents sont décédés. « Je suis différent des autres. Je n’ ai jamais rien compris à ma vie », indique t-il sur son adolescence.
« Au mois de février j’ai essayé de me suicider car je ne comprenais plus rien dans ma tête. J’ai vécu dans une petite chambre d’hôtel. La nuit je dors mal. J’essaie de trouver des solutions pour m’en sortir. J’étais ensorcelé. Des fois, je reconnais que je suis malade. Je ne prends plus mon traitement depuis 3 mois. Le médicament n’a pas d’effet. Je doute toujours d’être malade. Pour moi, je ne le suis pas. Je suis resté deux mois à l hôpital, après ma tentative de suicide. Là je pressens que je vais aller en prison. Après quand je vais sortir, je ne sais pas ce que je vais faire. Après la prison, je vais aller dans le chemin. Je ne vois pas bien clair. L’acte que j’ai commis, c’est sous le coup de la colère », explique-t-il au tribunal.
La procureure de la République demande le maintien en détention pour éviter le renouvellement de l’infraction. Elle ajoute : « Il a une condamnation récente avec rappel de la nécessité de se soigner. De plus, les faits ont été commis gratuitement sur deux personnes au niveau de l’oeil et du cou. Des faits graves qui ont créé un mouvement de foule. Il faut également garantir sa représentation ». Pour Me Louis Ropars : « Il n’a pas de famille qui s’occupe de lui. Il vit seul. Il a demandé à rester à domenjod ce mercredi, jour où je me suis entretenu avec lui ».
Le tribunal ordonne une nouvelle expertise psychiatrique et renvoie l’audience au 12 janvier 2022.