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L’accord de la COP21 est un miracle ET un désastre

L’accord de la COP21 de Paris peut être lu de deux façons. Si l’on pense relativement, on constate des « avancées ». D’abord, contrairement à Copenhague, un accord universel, non contraignant, reconnaît la nécessité d’agir contre le réchauffement climatique. Le texte mentionne même un seuil à 1,5°C qu’il faudrait ne pas dépasser. La question climatique s’installe dans […]

Ecrit par Dr Bruno Bourgeon, président d'AID – le dimanche 13 décembre 2015 à 17H31

L’accord de la COP21 de Paris peut être lu de deux façons.

Si l’on pense relativement, on constate des « avancées ». D’abord, contrairement à Copenhague, un accord universel, non contraignant, reconnaît la nécessité d’agir contre le réchauffement climatique. Le texte mentionne même un seuil à 1,5°C qu’il faudrait ne pas dépasser. La question climatique s’installe dans le paysage diplomatique : une sorte de dynamique politique se forme. Le texte prévoit que toutes les parties, dès 2020, devront se retrouver tous les cinq ans avec obligation de renforcer leurs ambitions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre – les fameuses contributions nationales. Autant d’occasions pour la société civile de faire entendre sa voix et pour les états de s’aligner avec les évolutions sociales et technologiques. Et surtout, de se coordonner entre eux. En fait, la constitution de cet agenda va permettre d’exercer une pression diplomatique sur ceux qui ne font pas les efforts requis.

Si l’on pense dans l’absolu, l’accord n’est pas à la hauteur. D’abord parce que d’ici à 2020, nous restons sur une trajectoire d’environ 3°C supplémentaires d’ici la fin du siècle, nous faisant perdre un temps précieux. Et à cause de la pression exercée des États-Unis, les accords ne sont pas contraignants. Libre à chaque État de proposer ce qu’il veut et de le réaliser s’il le veut. En outre, l’article 4 sur l’équilibre entre émissions de CO2 d’origine humaine et leur stockage dans la seconde moitié du siècle est flou. D’une part il n’est pas mentionné où se trouve le point d’équilibre, d’autre part, il n’est pas fait état de date. Enfin, cette formulation verse dans une tendance « zéro émission » en matière de gaz à effet de serre, ce qui laisse la porte ouverte aux meilleures solutions – les énergies renouvelables – comme aux pires : le stockage, la géo-ingénierie, les mécanismes de compensation divers. Elle ne suppose pas de changer de système énergétique ou de modèle de société.

De plus, nulle sortie des énergies fossiles n’est explicitée, pas plus qu’une transition massive vers les énergies renouvelables. Laisser 80% des énergies fossiles dans le sol est déjà aux oubliettes de l’Histoire. Si des financements pour l’adaptation des pays vulnérables au changement climatique sont assurés jusqu’en 2025, l’objectif des 100 milliards par an ayant été prolongé, les choses demeurent vagues sur le mécanisme qui permettra de les mobiliser. Et la somme n’est pas à la hauteur. C’est un peu comme si la réalité du changement climatique, son impact sur des millions d’existences précaires, n’étaient finalement pas pris en compte. A comparer aux 5300 milliards annuels de subventions diverses à l’extraction de l’énergie fossile. Enfin les transports polluants ne sont pas inquiétés.

L’accord de Paris offre des ouvertures. C’est l’occasion de porter nos messages, d’organiser le mouvement de la société civile et de porter sa parole : car, sur le terrain, les choses changent. La transition énergétique fait son chemin. Tous commencent à changer ses habitudes. De grands acteurs économiques effectuent des progrès inattendus. Les campagnes contre la déforestation, pour les désinvestissements en énergie fossile, pour la protection des océans s’amplifient. Clairement, les décideurs ne provoqueront pas le changement, ils suivront les changements provoqués par la société. A nous tous, donc, de prendre ce destin en main. C’est une lourde tâche, certes. Mais aussi une voie magnifique pour s’émanciper.

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID
http://aid97400.re

 

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