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« L’abbé Pierre » de la Pointe-du-Diable : Barbeau ou Samu social ?

Tribunal correctionnel de Saint-Pierre, 13 mars 2014:

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 14 mars 2014 à 14H35
Patrick B., sexagénaire et bavard, parle à voix trop basse pour être entendu de la salle. On ne saisit que des bribes, des mots… Mais le bonhomme a parfaitement choisi son avocat, Me Albon, qui donne de la voix et dont il faut tout de suite saluer la performance.
 
Il n’est pas donné à tout le monde, en effet, de faire passer un souteneur pour un bon Samaritain, une manière d’abbé Pierre des prostituées. Et le tribunal l’a entendu ! Revenons donc aux faits…
 
Pendant deux ans, 2012 et 2013, Patrick a apporté tout son concours, sa protection, sa connaissance des administrations, à d’accortes demoiselles pour qu’elles puissent pratiquer leur petite activité sur un des sites le plus connus de l’île pour ses charmes dévoilés et sulfureux. La « Pointe-du-Diable » concourt en effet aux incontestables attraits de la capitale sudiste avec son alter égo, non loin, le « Chemin 40 euros » à Pierrefonds.
 
Par pure charité chrétienne, il a aidé ces belles (elles le sont incontestablement) à effectuer le voyage Tana-Gillot et a poussé la conscience à les conduire sur les lieux de leurs affaires chaque nuit.
 
C’est parce qu’ils avaient constaté une recrudescence importante des allées et venues dans ce coin, fréquenté de jour par les pêcheurs, et en nocturne par les voyeurs, clients et belles-de-nuit que les policiers ont mis sur pied un système sophistiqué de filatures et d’écoutes téléphoniques. Constatant avec amusement que Patrick n’était vraiment pas comparable à un habitué de la grande truanderie.
 
D’abord, il ne se cachait absolument pas, n’empruntait pas de circuits détournés et utilisait sa propre voiture. Ensuite, il effectuait plusieurs déplacements, chaque nuit, pour s’assurer que ses petites protégées n’étaient pas importunées ou menacées. Car la prostitution est bel et bien un métier à risques, on le sait.
 
Il profitait en outre de ces petits allers retours pour leur apporter des friandises, un sandwich, du coca, quelques capotes de rab, au cas où…
 
Selon son avocat, qui n’en a pas raté une pour lui sauver la mise, « les 1500 euros mensuels qu’il tirait de son activité de souteneur étaient juste une récompense, un remerciement des filles pour sa protection et ses services annexes ».
 
On se dit d’ailleurs que c’est pas beaucoup pour apporter son concours à cinq ou six filles et qu’on est effectivement loin du grand banditisme : les maquereaux professionnels gagnent beaucoup plus. De là à dire qu’il l’a fait par pure grandeur d’âme…
 
Les écoutes téléphoniques ont prouvé aux enquêteurs le peu de discrétion dont faisait preuve ce pur amateur. Ses conversations avec les belles de la Pointe-du-Diable ou encore avec sa compagne, en métropole, ne portent pratiquement que sur le fric.
 
« J’ai fait 380 euros ce soir ; c’est pas mal non ? »« Tiens, ce week-end j’ai empoché 500 »« On va être riches »… On est loin du Samu social dépeint par Me Albon, tout en restant dans un système de gagne-petit malgré tout.
 
Le prévenu conforte (croit-il) la tactique de son défenseur en avouant naïvement, en fin de séance : « J’ai voulu leur rendre service et elles me remerciaient en me donnant quelque argent ». Et pour enfoncer le clou des bons sentiments : « C’est dans ma nature de rendre service. Quand j’étais jeune, j’ai failli prononcer mes vœux et entrer dans les ordres ! »
 
Le procureur Giraudet n’a pas tapé trop fort en rappelant tout de même que si la prostitution est permise, le proxénétisme est prohibé « même si on n’est pas, à l’évidence, dans un macrotage endurci ; les capotes que monsieur achetait, ce n’était quand même pas pour en faire des ballons ! »
 
Me Albon a insisté sur le côté occasionnel, l’amitié entre Patrick et ses protégées, lesquelles n’ont d’ailleurs jamais porté plainte.
 
La peine encourue pour proxénétisme était quand même de 10 années de gnouf. Me Albon a ramené le quota à plus raisonnable : l’ex-futur curé s’en sort avec, en guise de purgatoire, 6 mois avec sursis. Il ne compte pas faire appel.

 

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