L’Université de la Réunion teste cette année son "cycle préparatoire à l’enseignement supérieur et à l’insertion professionnelle (CPESIP)". Derrière ce terme à rallonge, la présidence de l’Université pense apporter une touche novatrice dans la lutte contre l’échec de la première année chez les étudiants. Ce cycle préparatoire, non diplomate par définition, laisse, pendant une année toutes les portes ouvertes à l’étudiant qui a le temps de construire son projet de vie.
En 2010, à la sortie de l’année de Licence 1, ils n’étaient que 27,2% à être sortis diplômés. "C’est dix points de moins que pour les universités métropolitaines" constate Frédéric Miranville, vice-président de l’Université de la Réunion en charge des relations extérieures et de l’insertion professionnelle. Pas de quoi tout de même être à ce point défaitiste.
Aujourd’hui encore, le campus accueille les primo-arrivants à travers le dispositif Campus fûté, qui n’est finalement que la partie visible des efforts consentis pour la bonne intégration des étudiants.
Envisagée comme une année antérieure à l’année de licence (ou L1), cette année préparatoire bénéficiera à 100 étudiants cette année universitaire 2011/2012. "Nous avons déjà 71 places arrêtées à la date d’aujourd’hui. Les trente autres sont réservées à tous ces étudiants qui décideront, au bout de deux ou trois semaines, de rebondir après leur inscription", à travers l’opération "Rebondir" justement.
Assurer la transition lycée/université
Ce cycle préparatoire est destiné à un public spécial. Il s’agit simplement des étudiants dont le passage à l’université a été soumis à la plus grande réserve de la part du corps enseignant, lors des fameux voeux d’orientation qui clôturent la fin du lycée. En interne, ces dossiers sont désignés par la lettre C, ou avis C, ce qui signifie que ces futurs étudiants ont reçu un avis défavorable de leurs professeurs, contrairement aux avis B et A, les plus favorables.
Durant une année, ces étudiants recevront des cours en marge de la masse qui emplissent les salles de cours. "Il s’agit de limiter les cours en amphi. Il y a pour ce public un tronc commun au 1er semestre, puis un parcours plus ciblé au second" ajoute Thierry Berthomieu, directeur des études. Nombre de ces étudiants proviennent "de bacs technologiques par exemple".
Là où des milliers d’étudiants se confronteront nez-à-nez à leur discipline de prédilection, cette grappe d’étudiants bénéficiera d’interventions diverses : prépa concours, intervenants des chambres consulaires, Ladom, Pôle emploi, UFR, bref, tout leur sera présenté. Une année de perdue dans ce cas ? "Non", répond Frédéric Miranville, bien au contraire. "Au lieu que ces étudiants ne viennent se perdre dans une filière qu’ils abandonneront, cette année leur permet de gagner du temps sur leur orientation". Et loin de cloisonner l’étudiant dans une réussite universitaire forcée, celui-ci aura tout loisir de s’insérer professionnellement dès la fin de son année.
Projection d’extension du dispositif
"A ma connaissance, ce dispositif n’existe pas ailleurs" poursuit Frédéric Miranville, en jugeant ce parcours initiatique d’un an que met en place le campus Nord cette année. "Le cycle préparatoire à l’enseignement supérieur et à l’insertion professionnelle est reconnu par le Ministère de l’Education. Il devrait être étendu l’année prochaine dans le Sud et pourra éventuellement accueillir plus de jeunes".
Mais nous n’en sommes pas encore là. L’Université devra se pencher sur les résultats de ce dispositif, nous serons pas bien loin de juillet 2012, avant de le renouveler. Avec ce tout nouveau parcours à la carte, un peu à part il est vrai, l’Université de la Réunion poursuit son effort dans la réduction de l’abandon des études supérieures par les primo-arrivants, le public le plus fragile. Là où ils sont 27% seulement à boucler positivement leur année de L1, ils sont déjà 65% à s’accrocher une fois en L2. La première marche est donc la plus dure…