Bienvenue à l’Union Régionale et à la Fédération Commerce et Services. Dans la grande famille des syndicats, ils prennent leurs distances de la CGTR pour exister indépendamment.
Cette scission, actée lors d’un congrès extraordinaire le 5 juillet dernier mais pas ébruitée en raison du conflit Cilam, marque de fait la naissance de nouveaux syndicats autonomes à La Réunion.
Néanmoins cégétistes de coeur, l’Union Régionale (ex-Union Régionale Sud affiliée à la CGTR) et la Fédération Commerce ont envoyé en début de semaine leur demande d’affiliation à la CGT nationale.
Un rapprochement qui devrait prendre du temps avant de s’officialiser. Grandes vacances métropolitaines oblige, Pascal Hoareau (secrétaire général UR) n’attend pas de réponse avant « trois ou quatre mois ». Si le secrétariat national de la CGT venait à accepter l’affiliation de l’UR, la cartographie syndicale locale ne manquerait alors pas de piquant. D’un côté l’UR affilée à la CGT et de l’autre la CGTR d’Ivan Hoarau.
Agitateurs de cette fronde interne initiée l’année dernière, Pascal Hoareau et Clara Derfla (secrétaire générale adjointe UR) ne prennent pas de plaisir à ressasser les couacs qui les ont décidés à claquer la porte de la CGTR, leur ancienne famille syndicale. Doutes non encore éludés sur les comptes de la CGTR qui a débouché fin 2013 sur le dépôt d’une plainte – « l’affaire est toujours en cours, on ira au bout » -, report sans une once d’explication du congrès de la CGTR pour le renouvellement de son bureau « qui devait se faire en 2013 », en plus d’un « congrès extraordinaire qui n’a jamais eu lieu »… S’en était trop pour l’ex-Union Régionale Sud et la Fédé’. La transparence attendue d’un grand syndicat local n’était pas au rendez-vous selon les syndicalistes.
L’UR n’est donc pas la seule à se désaffilier de la CGTR. La Fédération Commerce & services représentée par Philippe Maillot choisit la même option d’émancipation. Les deux entités espèrent entraîner dans leur sillon d’autres branches encore affiliées.
L’UR et la Fédération comptent 2.129 adhérents (chiffre 2013). Confiant, Pascal Hoareau estime que leur rapprochement de la CGT devrait faire venir chez eux les déçus de la CGTR.
L’objectif à terme : être représentatif au niveau régional
Les tous nouveaux syndicats autonomes ont pour horizon, l’année 2017. Année qui rebattra les cartes de la représentativité syndicale en France. Bien avant cette échéance, à la fin de cette année, les élections professionnelles qui s’annoncent dans les trois fonctions publiques offriront à l’Union Régionale une première tribune en tant que syndicat autonome.
D’ici là, Pascal Hoareau et Clara Derfla comptent faire « du syndicalisme de terrain plutôt que du syndicalisme de salon ». Le bureau de l’ex-maison mère est-il visé ? Les deux complices préfèrent en sourire. La page est tournée.
Ils renouvèlent lors de cette conférence de presse leur souhait d’incarner un syndicat qui « refuse le fatalisme » face à « un patronat qui est en train de nous écraser ». Les deux derniers exemples en date, ceux de la Cilam et de la Sotram restent en travers de la gorge. « Le rapport de force est du côté du patronat. Nous voulons l’inverser », s’en convainc Clara Derfla, prête à « l’auto-critique » s’il le faut.
« Si on n’est pas capable de faire, on arrête. On ne veut pas faire semblant », assure-t-elle, exigeante sur la question de l’accompagnement que l’UR assure et assurera aux salariés qui frappent à sa porte, « le soir et même le dimanche ».
L’UR compte sur la Fédération Commerce implantée au Port pour étendre son influence qu’elle souhaite « régionale » à terme, en plus de ses bureaux historiques rue Babet à Saint-Pierre. Un congrès d’installation devrait suivre dans quelques mois une fois la réponse de la CGT arrivée.