Notes de lecture – Il y a deux façons de raconter l’Histoire : telle qu’elle est et telle que certains voudraient qu’elle soit.
Autrement dit, comment tordre les faits et les idées pour les faire coller à sa propre dialectique ; ou alors les laisser parler d’eux-mêmes sans rien travestir.
Dans le premier des deux cas, on maquille, on grime, on barbouille pire que Boronali, on plie les faits pour faire entrer un rond dans un carré, on trahit la réalité, on truque comme sur les photos de l’ex-URSS : des visages de « héros » disparaissent des images officielles car le héros est devenu traître.
Ou alors, on choisit, comme Alexis Miranville, de laisser les faits parler d’eux-mêmes, sans rien ajouter. En laissant de côté les on-dit pour ne s’appuyer que sur des preuves authentiques, incontestables.
Madame Desbassyns était-elle une « divine providence » ? Ou la maîtresse préférée de Belzébuth ?
Alexis Miranville se garde bien de trancher cette question… laquelle n’a d’ailleurs aucun intérêt. Il raconte tout de la vie des esclaves, leurs peines, leurs souffrances, leur état d’« êtres-objets » taillables et corvéables à merci. Il n’en rajoute pas une miette, se contentant des faits, de la réalité, laquelle est déjà assez sordide par elle-même sans qu’il soit nul besoin d’envenimer le propos ou le dessin.
Jamais l’auteur ne tente de dire « qu’à La Réunion, ils n’étaient pas si malheureux, au fond ! » On ressort de cette lecture sans avoir perdu de cette immense douleur nous imprégnant l’âme devant cette aberration de l’humanité, qui n’a pas disparu de nos jours hélas… M. Miranville n’efface jamais le sordide de cette monstruosité que fut l’esclavage. Mais il ne dit jamais non plus que Madame Desbassyns fut ce monstre sanguinaire tant fustigé ailleurs. Elle ne torturait pas ses esclaves. Elle ne les mettait pas à mort.
Pourquoi est-elle donc devenue ce symbole de l’inhumanité ? Sans doute parce ses propriétés étaient les plus étendues et qu’elle avait donc besoin de plus d’esclaves que ses semblables. De là à en faire une figure atypique d’un monde plus que barbare, il n’y avait qu’un pas.
Ce livre est une petite leçon de réalisme et d’humanisme : on ressort de cette lecture encore plus convaincu que l’esclavage n’a aucune justification. Mais on en ressort aussi débarrassé de « clichés » popularisés par certains partis. Je ne cite personne. Cet ouvrage, court, fourmille d’anecdotes ; celles-ci font littéralement « vivre » les esclaves sous nos yeux.
Pour ce qui est de l’écriture, M. Miranville possède un style qui en rendrait plus d’un jaloux. Moi par exemple…
« Etre esclave chez madame Desbassyns »
par Alexis Miranville
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