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L’Ermitage les Hauts n’est plus

PLUS DE PANNEAU Le panneau qui, autrefois , signalait ce lieu- dit,  a disparu. Je ne saurais dire depuis quand sinon visiblement bien avant la route des Tamarins. Il a été remplacé par un panneau  » La Saline ». Ce constat est sans doute insignifiant mais il a sa place dans le débat actuel. Je […]

Ecrit par Axel Payet – le mercredi 16 août 2017 à 10H20

PLUS DE PANNEAU

Le panneau qui, autrefois , signalait ce lieu- dit,  a disparu. Je ne saurais dire depuis quand sinon visiblement bien avant la route des Tamarins. Il a été remplacé par un panneau  » La Saline ». Ce constat est sans doute insignifiant mais il a sa place dans le débat actuel. Je comprends parfaitement ceux qui déplorent l’ablation du « H » de l’Hermitage. Mais, qu’est-ce donc qu’une lettre en moins comparée à une disparition totale ? L’Ermitage les Hauts, qui n’est ni mon Milly, ni mon «  petit Liré à moi », a donc  disparu. Il est désormais englouti dans une nébuleuse urbaine par la volonté de ronds de cuir indélicats, sans égards pour notre Histoire locale et, je présume,  sans aucun esprit de concertation .C’est malheureux car ce quartier a un passé bien ancien , beaucoup plus ancien que celui de  l’Hermitage les Bains. Faut-il rappeler qu’il a pris naissance au bord de la Ravine d’où il tire son nom, au XVIIIème siècle probablement , et que son peuplement est lié d’abord à la présence sur l’autre rive de la famille Desbassyns qui employait ses premiers habitants, et ensuite  à l’avènement de l’industrie sucrière concentrée autour de l’usine de Vue Belle ?
 
EN BAS LA BAS

Vous avez dit Vue Belle ? La bien nommée ! qui permettait d’embrasser d’un seul regard, et pendant longtemps , un littoral désertique et sauvage après l’assèchement des marécages d’été que devaient franchir parfois quelques pêcheurs audacieux ou des troupeaux de cabris pour pâturer la savane.  Et puis , bien plus tard, seulement  à partir des années 1880, Vue Belle, toujours,  qui voyait une route apparaître en bord de mer , puis des maisons , ensuite  trois ou quatre villages de pêcheurs dont l’Hermitage les Bas (pas encore les Bains), et enfin une voie ferrée . Aujourd’hui la Vue Belle sucrière s’endort plus ou moins et regarde de loin la côte s’urbaniser et se structurer à des fins balnéaires, à un rythme tellement affolant que nos édiles se sentent dépassés et finissent par s’éloigner du bon sens…Au point d’escamoter un village à l’identité bien affirmée qui peut donc prétendre la retrouver et  revendiquer le même traitement que son homonyme des bas, en particulier sur le plan de l’orthographe…
 
SOYONS HUMBLES

Les Ermitage avec un « H », pourquoi pas ? C’est le tribunal et la mairie qui trancheront. J’ai bien peur que ce soit en faveur d’un statu quo justifié par des considérations budgétaires, par le simple prétexte de la faute d’inattention ou alors par une application juridique du « coup parti » qui permet de faire le Pilate, au grand dam des nostalgiques et des partisans de l’harmonisation . Et les érudits de l’orthographe auront triomphé !

Bien sûr, on peut  déplorer l’absence de concertation qui nous aurait évité toute cette histoire .Néanmoins , exprimer son attachement au passé n’exclut pas d’être ouvert à certaine forme d’évolution. Quant à vilipender le changement en faisant allusion aux « lendormis », je ne cautionne pas, car la vie, par principe , est mouvement et l’Histoire est parsemée d’exemples de villages ou de collectivités qui ont connu, pour diverses raisons , des variations au cours de leur existence, en toute sérénité  . A commencer par notre ile dont chacun sait les différents noms qu’elle a portés successivement sans qu’il y ait eu de ralé- poussé à chaque changement. En France, les Pyrénées de François Bayrou étaient Basses depuis 1790 et sont devenues Atlantiques assez récemment et l’intellectuel n’a pas râlé pour ça  ! Idem pour quelques Régions administratives rebaptisées dernièrement sans aucun tollé ! Pour citer d’autres exemples et en termes de villages, à la Réunion il y a Grand Bassin qui a connu le changement  de tutelle, Mahavel qui s’est effacé des mémoires, Mapérine et Ti Paris qui ont été, pour  des raisons différentes , rasés sans état d’âme ou à peine ! Aujourd’hui c’est donc l’Ermitage les Hauts , englouti par La Saline, à l’image d’un autre village en métropole,  Ubaye, qui, lui, fut plus concrètement englouti par le lac de Serre Ponçon. Et, nec plu ultra, pensons à Oradour sur Glane, village fantôme,  dont le tragique destin devrait nous ramener à plus d’humilité ?
 
HISTOIRES DE « H »

Il n’y a donc plus d’Ermitage les Hauts  et plus de « H » à l’l’Hermitage les Bains. Et cette affaire fait le buzz aujourd’hui , comme pour l’affaire Fillon, en mieux même et en plus ancien en tout cas, car c’est en 2009 qu’on a, comme on dit ici, «  fillonné » !  Le débat prend de l’ampleur et il convient effectivement  que chacun sache rester humble, mais aussi tolérant du droit de l’autre à exposer son ressenti, avec le ton de son choix .Sérieux ou avec humour, peu importe car dans ce procès en cours il n’y a pas de mort d’homme  .
En revanche, il faut avancer des arguments qui soient recevables et pertinents . Ainsi, que viendrait faire le « H » de Huguette Bello, de Nassimah et de Hamilcaro dans ce débat ? Ces différents noms de personnes ne sont-ils pas encadrés par les lois immuables de l’état civil dont  tout tribunal exige le respect , y compris pour de simples traits d’union dans les noms composés ? Le litige porte sur des noms de lieux. Si le tribunal ou le maire   faisaient en leur  for intérieur le choix de s’orienter vers une décision reposant  sur la linguistique , ils ne pourraient, conformément à l’usage du « parapluie », n’en déplaise à certain , que recourir à des experts, en l’occurrence des praticiens de la langue, pourquoi pas l’Académie Française ,  pour rendre un arbitrage. Tant qu’à faire , le tribunal ne ferait –il pas preuve de pertinence en interrogeant Huguette puisqu’elle  était aux manettes en 2009 et en lui demandant  son sentiment et son rôle dans cette affaire ?

Tenez ! une autre folle histoire de « H » et toujours à Saint Paul : en plus de Huguette , j’aurais aimé qu’on évoquât aussi l’épisode Daniel Waro qui, comme on le sait , fit passer à la trappe le «  H » du patronyme qu’il hérita, et se maria à la sauce créole en mairie de Saint Paul.  A t-il eu les autorisations règlementaires en termes de documents en vue de ce mariage ? Autrement dit , le tribunal avait-il, au préalable validé le changement Hoarau – Waro pour qu’un élu pût officier légalement ?
 
MA PROPOSITION
Comme on a pu le constater je n’ai jusqu’ici pas donné ma préférence quant au choix qui s’opérera bientôt. Si tant est qu’on m’accorde ce droit , je dirais que ma position rejoint un peu les uns et les autres  et qu’elle  a évolué en cours de discussion. Compte tenu de mon profil personnel, la différence d’orthographe entre les Hauts et les Bains  que j’avais constatée il y a longtemps me faisait militer pour l’harmonisation. Mon récent retour sur les lieux et le constat que j’ai fait font qu’aujourd’hui je dévie vers la réhabilitation du village des hauts et son alignement orthographique sur la station balnéaire. Concernant cette dernière, je vais être un peu taquin ,mais le plus logique, vus les arguments avancés ici ou là , serait de l’appeler « Hermitage les Bas ». Et non pas «  les Bains » car ce mot a apparu très tardivement. Il fait donc  moins « mémoire » sur laquelle s’arc-boutent quelques uns que je crois sincères et à qui je souhaite bonne chance . 
 
CONCLUSION

Le débat devient passionnant . Espérons ,pour le plaisir des contributeurs, que la presse ne siffle pas  trop vite la fin de la récré. Je terminerai ma réflexion en ayant un mot pour ceux qui sont indifférents à cette querelle de Clochemerle. Je les comprends car nous n’avons pas tous les mêmes  préoccupations. Mais qu’ils sachent que, quoiqu’ on en dise, la présence de l’écrit a son importance partout où on le rencontre et que  sa correction, ou non, permet de se faire une idée du degré d’évolution d’un individu ou d’une population. Il y va de l’image de notre ile, et par conséquent de certains enjeux qu’on aurait bien tort de négliger .

 

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