Il se passerait dans le 93 le quart des événements, émeutes, violences urbaines, pillages qui bouleversent depuis plusieurs jours maintenant la Réunion, splendide département français situé en plein cœur de l'océan Indien, que cela ferait au moins la Une de tous les journaux de France, de Navarre et même d'ailleurs.
Quant à la classe politique de droite comme de gauche, extrêmes compris, elle serait debout sur la table à demander enquêtes et commissions, à exiger pour les uns une présence policière accrue, pour les autres un retour immédiat du dialogue avec "nos jeunes", pour dénoncer à grands coups d'effets de manches, de gosiers et de gesticulations médiatiques les zones de non-droit, le manque de profs, les trafics de drogue, d'armes, le chômage galopant, l'immigration clandestine…
A l'exception de quelques images au 20 h, le silence de nos politiques est assourdissant. Dit autrement, en métropole, tout le monde s'en contrefout.
Pas un mot côté UMP. Rien de Sarkozy, pas de voyage éclair de la ministre de l'Outre-mer, même pas d'un sous-secrétaire quelconque. La majorité présidentielle s'occupe de la présidentielle… En face, ce n'est pas mieux. Les écolos sont dans le rouge, la tête d'Eva Joly sous l'aile et Mélenchon, pourtant parfait dans le rôle du petit aboyeur stalinien, ne dit mot. Rien non plus côté FN, Marine Le Pen qui en revient aurait pu jeudi soir sur France 2 y aller de son couplet, au lieu de nous montrer le petit oiseau en or que lui ont offert ses amis réunionnais.
Reste les socialistes. Plus que les autres, ils ont de bonnes raisons de regarder ailleurs. En effet, Gilbert Annette, maire de la capitale, Saint-Denis de La Réunion, là où les émeutes ont commencé, est un socialiste de grand chemin, repris de justice notoire, condamné à quelques longs mois de prison pour corruption plus qu'active.
Faut préciser qu'en 1991, Saint-Denis avait connu les mêmes émeutes, huit morts brûlés vifs, avec quasiment les mêmes aux manettes, Annette à la mairie et le Parti communiste réunionnais, un parti en déclin avec à sa tête un très vieux monsieur, Paul Vergès, frère de Jacques, repris de justice lui aussi, qui joue avant chaque élection locale ou nationale, qui plus est présidentielle, le rôle de l'incendiaire et dans le même temps celui du pompier de service. Pour des raisons hélas identiques, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets, La Réunion explose aujourd'hui.
La vie y est chère et les salaires, exception faite de la fonction publique surrémunérée, plus maigres qu'en métropole. A force, cela énerve le pékin de base qui tire le diable par la queue et les jeunes, chômeurs de père en fils à qui on bourre le crâne depuis des décennies qu'ils doivent vivre et travailler dans l'île et surtout ne pas aller voir ailleurs.
Avec plus de 30 % de chômage, une population dont la majorité est âgée de moins de 20 ans, l'avenir se vit au jour le jour, sur fond d'alcoolisme et de drogue, d'illettrisme et d'impossible intégration. Et comme une classe politique indigente, parfois corrompue, pense impunément jouer avec les vieilles ficelles du clientélisme et de la démagogie, on s'agite pour rappeler aux plus progressistes le devoir qui est le leur d'acheter la paix sociale…
D'un mouvement de transporteurs pour obtenir une baisse du coût des carburants, on en vient à des émeutes. Alors on pille, brûle et saccage un peu partout dans l'île, commerces, grandes surfaces, garages, agences bancaires… Comme à Mayotte il y a peu, ou aux Antilles précédemment. De RMI en RSA, la réalité n'a pas changé et nombre de Réunionnais, pourtant légalistes dans l'âme, se sentent des Français complètement à part…
En 1991, en présence de toute la presse métropolitaine invitée pour la circonstance, Danielle Mitterrand en personne avait courageusement fait le déplacement à Saint-Denis en pleine nuit et ramené du coup la paix dans l'île à partir du quartier populaire du Chaudron d'où partent toujours les émeutes.
Du coup, on s'attend à ce que Carla Bruni-Sarkozy, sa mandoline sous le bras, s'en aille chantonner une berceuse à l'oreille des Réunionnais, histoire de calmer les émeutiers et les "cagnards" comme on dit là-bas. Ce serait bigrement populaire et l'image serait "forte" comme la "France" de Nicolas.
J. TILLIER
Quant à la classe politique de droite comme de gauche, extrêmes compris, elle serait debout sur la table à demander enquêtes et commissions, à exiger pour les uns une présence policière accrue, pour les autres un retour immédiat du dialogue avec "nos jeunes", pour dénoncer à grands coups d'effets de manches, de gosiers et de gesticulations médiatiques les zones de non-droit, le manque de profs, les trafics de drogue, d'armes, le chômage galopant, l'immigration clandestine…
A l'exception de quelques images au 20 h, le silence de nos politiques est assourdissant. Dit autrement, en métropole, tout le monde s'en contrefout.
Pas un mot côté UMP. Rien de Sarkozy, pas de voyage éclair de la ministre de l'Outre-mer, même pas d'un sous-secrétaire quelconque. La majorité présidentielle s'occupe de la présidentielle… En face, ce n'est pas mieux. Les écolos sont dans le rouge, la tête d'Eva Joly sous l'aile et Mélenchon, pourtant parfait dans le rôle du petit aboyeur stalinien, ne dit mot. Rien non plus côté FN, Marine Le Pen qui en revient aurait pu jeudi soir sur France 2 y aller de son couplet, au lieu de nous montrer le petit oiseau en or que lui ont offert ses amis réunionnais.
Reste les socialistes. Plus que les autres, ils ont de bonnes raisons de regarder ailleurs. En effet, Gilbert Annette, maire de la capitale, Saint-Denis de La Réunion, là où les émeutes ont commencé, est un socialiste de grand chemin, repris de justice notoire, condamné à quelques longs mois de prison pour corruption plus qu'active.
Faut préciser qu'en 1991, Saint-Denis avait connu les mêmes émeutes, huit morts brûlés vifs, avec quasiment les mêmes aux manettes, Annette à la mairie et le Parti communiste réunionnais, un parti en déclin avec à sa tête un très vieux monsieur, Paul Vergès, frère de Jacques, repris de justice lui aussi, qui joue avant chaque élection locale ou nationale, qui plus est présidentielle, le rôle de l'incendiaire et dans le même temps celui du pompier de service. Pour des raisons hélas identiques, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets, La Réunion explose aujourd'hui.
La vie y est chère et les salaires, exception faite de la fonction publique surrémunérée, plus maigres qu'en métropole. A force, cela énerve le pékin de base qui tire le diable par la queue et les jeunes, chômeurs de père en fils à qui on bourre le crâne depuis des décennies qu'ils doivent vivre et travailler dans l'île et surtout ne pas aller voir ailleurs.
Avec plus de 30 % de chômage, une population dont la majorité est âgée de moins de 20 ans, l'avenir se vit au jour le jour, sur fond d'alcoolisme et de drogue, d'illettrisme et d'impossible intégration. Et comme une classe politique indigente, parfois corrompue, pense impunément jouer avec les vieilles ficelles du clientélisme et de la démagogie, on s'agite pour rappeler aux plus progressistes le devoir qui est le leur d'acheter la paix sociale…
D'un mouvement de transporteurs pour obtenir une baisse du coût des carburants, on en vient à des émeutes. Alors on pille, brûle et saccage un peu partout dans l'île, commerces, grandes surfaces, garages, agences bancaires… Comme à Mayotte il y a peu, ou aux Antilles précédemment. De RMI en RSA, la réalité n'a pas changé et nombre de Réunionnais, pourtant légalistes dans l'âme, se sentent des Français complètement à part…
En 1991, en présence de toute la presse métropolitaine invitée pour la circonstance, Danielle Mitterrand en personne avait courageusement fait le déplacement à Saint-Denis en pleine nuit et ramené du coup la paix dans l'île à partir du quartier populaire du Chaudron d'où partent toujours les émeutes.
Du coup, on s'attend à ce que Carla Bruni-Sarkozy, sa mandoline sous le bras, s'en aille chantonner une berceuse à l'oreille des Réunionnais, histoire de calmer les émeutiers et les "cagnards" comme on dit là-bas. Ce serait bigrement populaire et l'image serait "forte" comme la "France" de Nicolas.
J. TILLIER